Packard-Bell-Nec Angers (49) : Grève pour les salaires03/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1686.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Packard-Bell-Nec Angers (49) : Grève pour les salaires

L'usine Packard-Bell-Nec d'Angers fabrique des micro-ordinateurs personnels. Depuis son installation en 1993, elle recrute en intérim plus des deux tiers de ses effectifs de production, de juillet à décembre, période dite " haute " pour la fabrication des ordinateurs. Aujourd'hui, sur les 1200 salariés de l'entreprise, il n'y a que 240 embauchés à la production pour 500 intérimaires qui ont été recrutés pour des missions de plusieurs mois.

Dans cette entreprise, la direction a réussi depuis longtemps à imposer l'annualisation du temps de travail. Cela s'est fait avec la complicité de la CFDT et de la CFTC qui ont été créées en 1996 avec son aide pour contrer la CGT largement majoritaire à la production.

En 1995, une centaine de travailleurs, intérimaires et en CDI, ont fait grève pendant plus d'une semaine pour des augmentations de salaire. L'an dernier, une nouvelle grève regroupant elle aussi une centaine de salariés a éclaté pour s'opposer à la mise en place d'horaires en 4 x 6. Cette grève fut victorieuse, la direction ayant été obligée de retirer son projet.

Mardi 24 octobre, ce sont une soixantaine de travailleurs, pour l'essentiel en CDI, qui ont cessé le travail pour réclamer une augmentation de salaire de 1 000 francs. Il faut dire qu'à Packard-Bell, la plupart des salaires avoisinent le Smic. Ce mouvement de grève fait suite à une série d'assemblées générales et de débrayages, à l'initiative de la CGT, pour réclamer une augmentation, revendication à laquelle la direction a opposé une fin de non-recevoir. Mais cette grève est aussi l'expression d'un ras-le-bol face au mépris, aux brimades et au harcèlement dont les travailleurs sont victimes de la part de la direction et des " superviseurs " (comme on appelle les petits chefs aujourd'hui).

Dès le début du mouvement, les grévistes ont bloqué totalement l'entrée et la sortie des camions, paralysant immédiatement toute l'usine qui fonctionne totalement en flux tendu.

La direction a alors décidé de renvoyer les non-grévistes chez eux... en continuant à les payer intégralement, y compris les intérimaires. Elle veut ainsi éviter la contagion du mouvement, comme ce qui s'était passé l'an dernier lors de la grève contre les 4 x 6. Les travailleurs non-grévistes sont tenus de venir pointer tous les jours pour pouvoir être payés, puis ils sont renvoyés chez eux. Mais malgré la sympathie que rencontrent les grévistes, le mouvement ne s'est pas étendu.

Vendredi dernier 27 octobre, la direction a assigné cinq délégués en référé pour tenter d'obtenir la levée du blocus des camions. Lundi 30, lors du délibéré, les cinq assignés se sont vu ordonner de ne plus entraver le libre accès au site de production, mais le tribunal a refusé d'ordonner l'expulsion des autres grévistes. Par conséquent, les grévistes ont décidé de maintenir le blocage jusqu'à la prochaine assemblée générale, le lendemain.

Lors de cette assemblée, mardi 31 octobre, les grévistes, compte tenu du rapport de force, ont décidé de reprendre le travail tous ensemble. Ils obtiennent le paiement de deux jours de grève sur cinq et demi, et la direction s'est engagée à ne prendre aucune sanction.

Les travailleurs qui ont mené cette grève ont conscience d'avoir été jusqu'au bout des possibilités de ce mouvement. La direction, malgré le faible nombre de grévistes, a été obligée de marcher sur des .ufs, ne serait-ce qu'en payant intégralement les non-grévistes réduits à l'inactivité, de peur que le mouvement ne s'étende. Ceci prouve que les travailleurs de Packard-Bell-Nec ont les moyens d'arracher leur dû à la direction, pour peu qu'ils s'y mettent tous ensemble. C'est l'objectif que s'assignent déjà nombre de grévistes qui sont rentrés au travail la tête haute.

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