Vivendi : De l'eau aux nouvelles sources de profit27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Vivendi : De l'eau aux nouvelles sources de profit

Après quelques minauderies pour la galerie, la Commission de Bruxelles vient de donner le feu vert à la fusion de Vivendi et sa filiale Canal + avec le groupe canadien Seagram. Cela constituera le deuxième groupe dans le domaine de la communication, après AOL-Time Warner, lui aussi en cours de fusion.

Il y a deux ans, la Générale des Eaux a changé son nom en Vivendi, marquant les nouvelles ambitions du groupe. L'augmentation des factures aux usagers, les ponctions opérées sur le budget des communes qui avaient signé des contrats pour la fourniture de l'eau et l'assainissement ont fourni des bénéfices que Vivendi cherche à placer. Même en servant largement ses actionnaires, même en faisant un pont d'or à ses dirigeants (7 millions de francs de revenus fixes et environ 20 millions de francs en stock-options et jetons de présence en 1999 pour son PDG Jean-Marie Messier), il reste encore beaucoup d'argent. Et les actionnaires attendent des gains sans cesse plus spectaculaires.

L'ouverture des télécommunications au capital privé a constitué une aubaine dont Vivendi sait profiter par sa filiale Cegetel. Les contrats concernant les ordures ménagères ou les transports en commun des grandes villes ne sont pas quantités négligeables. Dans le bâtiment et les travaux publics, une filiale de Vivendi a fusionné avec GTM, filiale de Suez-Lyonnaise des Eaux (groupe qui est par ailleurs son concurrent dans le domaine de l'eau), pour damer le pion à Bouygues. Et Vivendi s'est offert d'autres morceaux de choix, entre autres Canal + et l'agence Havas qui contrôle notamment des maisons d'édition et 80 titres de presse parmi lesquels L'Expansion, l'Express, Courrier international, 01 Informatique, Le Moniteur du Bâtiment... Comme quoi l'ex-Générale des Eaux ne s'intéresse pas qu'au liquide : elle s'assure d'un contrôle sur l'information et la communication.

De son côté, le groupe canadien Seagram, délaissant les whiskies et le cognac Martell, met dans la corbeille de mariage les droits qu'il détient sur la production de musique et de cinéma, entre autres les studios Universal à Hollywood.

La Commission européenne a donné son accord à la fusion entre Vivendi - Canal + et Seagram. Non qu elle aurait pu sérieusement s'y opposer. Tout au plus pouvait-elle bloquer le dossier pendant quelques mois, le temps de demander une enquête plus approfondie.

Mais la direction de Vivendi était pressée de conclure. " Les fluctuations des marchés boursiers nous ont fait perdre 100 milliards de francs par rapport à notre cours le plus haut ", a déclaré son PDG. Pour hâter l'opération, il a donné à la Commission européenne l'assurance qu'il laisserait une part de la galette aux concurrents.

Mis à part ces retouches, la Commission de Bruxelles ne fait qu'entériner un partage du marché entre les trusts AOL-Time Warner (230 milliards de francs de chiffre d'affaires, l'équivalent de près du cinquième du budget de la France) et Vivendi-Seagram (140 milliards de francs). La concentration capitaliste ne fait que continuer son chemin. Dans cette course, les capitalistes français, même alliés aux canadiens, ne sont pas les plus gros. Mais ce ne sont pas les moins âpres au gain.

Pas besoin donc d'aller regarder ailleurs, la mondialisation se fait aussi à notre porte, et même " chez nous ". Il n'y a pas loin pour aller y frapper !

Partager