"Transactions fiscales" : Un système sur mesure pour les riches27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

"Transactions fiscales" : Un système sur mesure pour les riches

A l'occasion de l'affaire de la cassette vidéo mettant en cause Chirac dans les pots-de-vin versés au RPR, on avait appris que le grand couturier Lagerfeld avait obtenu de Strauss-Kahn, alors ministre des Finances, une réduction de 45 millions de francs sur les 85 millions qu'il devait au fisc. Cette affaire vient de connaître un nouveau rebondissement.

En effet, Lagerfeld avait déjà obtenu en décembre 1995 une fleur fiscale de Lamassoure, alors ministre UDF du Budget du gouvernement de Juppé. Cet épisode a attiré la curiosité des juges parce que, sur un montant de quelque 60 millions de francs dus par le couturier au fisc en 1995, les services du Budget acceptèrent de n'en récolter que dix millions... environ trois millions de francs de moins que ce que le couturier s'était déclaré prêt à payer !

Pour ajouter un peu de piment à l'affaire, il y eut en plus une intervention originaire de l'Elysée qui, selon les avocats de Lagerfeld, viendrait d'une demande de Bernadette Chirac, cliente de ce couturier. Cette nouvelle péripétie illustre le fait que des ministres se courbent parfois encore plus bas que ce qu'on leur demande. L'épisode de la " première dame " qui s'apitoie sur le sort d'un fournisseur de la Cour ajoute au comique de cette péripétie. Mais c'est en fond de scène qu'apparaît le plus scandaleux : un système parfaitement légal, taillé sur mesure non pas seulement pour un grand couturier, mais pour les riches.

Même quand ils ne bénéficient pas d'avantages automatiques, ces nantis peuvent négocier avec les représentants de leur Etat. C'est vrai aussi bien pour les entreprises dont ils sont actionnaires que pour leur fortune personnelle. La possibilité d'une " transaction fiscale " - puisque c'est le mot officiel - est parfaitement légale. Ces transactions, qui allègent la charge des riches, se font au détriment des travailleurs et de la population pauvre par le biais d'impôts que ceux-ci, en revanche, ne peuvent pas du tout négocier : la TVA, l'impôt sur l'essence, l'impôt sur les salaires.

Le gouvernement est en train d'accorder de nouvelles facilités aux riches, tant par la réduction de l'imposition des plus hauts revenus que par une nouvelle baisse de l'impôt sur les sociétés... C'est ce que Fabius et Jospin appellent une réforme fiscale.

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