Nos lecteurs écrivent : Le PCF et les affaires27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Nos lecteurs écrivent : Le PCF et les affaires

" Abonné à LO depuis plusieurs années j'ai été choqué par le titre en Une du numéro du 29 septembre : Du RPR au PS, des partis financés par le patronat. Pourquoi ce mensonge par omission ? Du RPR au PC..., voilà la vérité. Lorsque M. Dassault fait paraître sa publicité dans L'Huma, est-ce pour vendre ses produits (chars et avions) aux lecteurs ou pour financer le PC ? Et les bureaux d'études du PC, vous n'en avez jamais entendu parler ?

Espérant que vous publierez la présente dans le courrier des lecteurs.

Salutations communistes. "

B.G. (63)

Camarade,

C'est très volontiers que nous publions ta lettre, qui nous fournit l'occasion de nous expliquer plus longuement. Si nous ne mettons pas le PCF sur le même plan que les autres partis, ce n'est pas une omission que tu crois volontaire et que tu qualifies de mensonge. C'est que nous ne pensons pas qu'il soit juste de le faire.

Pas plus que toi nous n'ignorons les faits que tu cites. L'Huma, comme la quasi-totalité de la presse quotidienne, passe de la publicité et du coup bénéficie de l'argent des capitalistes. Elle en a fait pour Dassault, elle en fait pour Ricard et pour d'autres. Le fait qu'un journal ouvrier se finance de la sorte nous choque moins que le fait qu'en parallèle, il ne choisisse pas de dénoncer les agissements des sociétés qui lui confient cette publicité. L'Huma dénonce d'ailleurs plus volontiers l'exploitation des travailleurs de Dassault, ses profits, qu'elle ne condamne l'alcoolisme. Moins à cause de la pression exercée par le trust Ricard que par manque de volonté d'affronter l'opinion.

Quant aux bureaux d'études liés au PCF, nous n'ignorons pas leur existence. Il n'est pas exclu qu'ils jouent un rôle d'intermédiaires pour alimenter les finances du PCF. Si ces faits sont avérés, il est choquant qu'un parti qui se réclame des travailleurs trouve, ne serait-ce qu'une partie de son financement, auprès de trusts comme la CGE ou la Lyonnaise des Eaux. Car cela revient à faire payer plus cher aux habitants de communes, qui ont élu des municipalités communistes, des services collectifs que l'on met à leur disposition. Et ce n'est pas parce que les autres partis l'ont fait, et le font sûrement encore, que c'est excusable. Nous n'ignorons pas non plus que le PCF a bénéficié, en d'autres temps, d'autres ressources que celles qui provenaient des cotisations et de l'activité bénévole de ses militants. C'était le cas lorsque le stalinisme dominait en URSS, qui finançait en partie le PCF et entretenait son appareil dirigeant. Ce qui était condamnable dans cette situation, là encore, c'était moins la pratique, que ses effets politiques.

Mais cela ne nous empêche pas de considérer le PCF comme différent des autres partis, de l'extrême droite à la droite, en passant par le PS. D'abord parce qu'à la différence des autres partis, le PCF finance ses activités pour une bonne part grâce au dévouement de ses militants, pour la grande majorité issus et présents dans les milieux populaires, soit par leurs cotisations, soit par leurs activités bénévoles, soit même par le reversement, par les élus, d'une partie de leurs indemnités (bien que, semble-t-il, cette pratique tende parfois à se perdre). L'affluence à la Fête de l'Huma n'est quand même pas due à la présence d'une Cité commerciale !

Mais il existe une autre différence. Ses militants et même ses dirigeants ne vivent pas dans le même milieu social que ceux des autres partis. Ils n'ont pas les mêmes relations que la droite avec les hommes de la grande bourgeoisie. Car il n'y a pas que les pots-de-vin qui interviennent dans les choix des dirigeants politiques. Le PCF n'a pas, dans sa direction, des hommes comme Jérome Monod, membre de la direction du RPR, conseiller personnel de Chirac, mais aussi PDG ou ex-PDG de sociétés comme la Lyonnaise des Eaux et membre de multiples conseils d'administration. Il n'a pas dans ces dirigeants des gens comme Martine Aubry, qui peut passer du poste de directeur-adjoint du PDG de Pechiney à celui de ministre de l'Emploi, ou comme Dominique Bredin, qui peut abandonner son poste de député pour devenir dirigeante d'une filiale du groupe Lagardère.

Voilà pourquoi, camarade, nous ne mettons pas dans le même sac ni dans le même titre de " Une " le PCF et les autres partis que tu évoques. Cela ne signifie pas que nous justifiions ses choix en politique ou en matière de financement.

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