Le budget de la Sécurité sociale en discussion : Des calculs aux dépens de la population27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le budget de la Sécurité sociale en discussion : Des calculs aux dépens de la population

La titulaire du ministère de l'Emploi et de la Solidarité a bien changé de nom... mais de là à changer de politique, il ne faut pas rêver ! Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'attendre pour le vérifier puisque Elisabeth Guigou, nouvelle titulaire du poste en remplacement de Martine Aubry, a repris, entre autres projets, celui de la loi de financement de la Sécurité sociale pour l'année 2001, tel qu'il avait été élaboré par sa consoeur.

Du projet en question, présenté mardi 24 octobre à l'Assemblée nationale par la ministre, les députés débattront pendant une semaine... au bout de laquelle il devrait être adopté à peu de changements près, probablement. Il soulève bien des critiques parmi certains membres des professions de la santé. Pour marquer la désapprobation à l'égard des projets gouvernementaux et l'inquiétude quant à la façon dont les soins sont prodigués dans ce pays et le seront demain, une journée " Santé morte " a d'ailleurs été décidée dans les quartiers, par des cabinets médicaux, laboratoires et autres établissements qui resteront fermés ce jour-là. Et il est vrai qu'en ce qui concerne les services de santé en général et la Sécurité sociale en particulier, le gouvernement de la gauche plurielle ne conduit en aucune façon une politique soucieuse des besoins de la collectivité.

Parmi les mesures particulièrement choquantes de ce projet de loi, certaines visent à compenser partiellement le manque à gagner dû aux exonérations de charges sociales consenties aux patrons, sous prétexte de passage aux 35 heures ou sous tout autre prétexte (comme par exemple l'allègement de charges sur les bas salaires). Dans le même temps et avec un franc culot, le projet met en avant la prétendue nécessité d'atteindre " la maîtrise comptable " des dépenses de santé et de tout faire pour ne pas dépenser plus qu'il n'est prévu !

Parallèlement aux sommes consacrées à compenser ces cadeaux faits aux patrons, la Sécurité sociale devrait accorder quelques miettes aux catégories les plus pauvres de la population. Par exemple, les retraites seraient revalorisées de... 2,2 % au 1er janvier prochain ; les retraités seront exonérés du paiement de la CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale) mais à condition qu'ils soient pauvres au point d'être non imposables ; les chômeurs, les préretraités et les titulaires d'une pension d'invalidité non imposables ou ayant un revenu inférieur au Smic brut devraient eux aussi être exonérés de CRDS. Le coût de ces quelques exonérations est estimé officiellement à 500 millions de francs...

On le voit, le budget de la Sécurité sociale présente lui aussi deux poids et deux mesures. Pourtant, s'il est un domaine prioritaire, dans lequel le gouvernement devrait envisager de financer tout ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins, sans préoccupation d'économiser sur le personnel, le matériel, les équipements, les moyens, n'est-ce donc pas celui de la santé ? Mais c'est tout le contraire qui se pratique, avec une dégradation continue de l'hôpital public, la suppression d'emplois, l'insuffisances de moyens, etc., et, en matière de Sécurité sociale proprement dite, une diminution des remboursements des médicaments et des prothèses en particulier.

Cette orientation, définie par Aubry et reprise par Guigou, ne changera pas avec le nouveau budget. Et pour cause : cette orientation pro-patronale, aux frais des travailleurs, c'est toute la politique du gouvernement Jospin.

Partager