Italie - La mort de six clandestins kurdes : Victimes des mafias, et d'un ordre social inique27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie - La mort de six clandestins kurdes : Victimes des mafias, et d'un ordre social inique

Mercredi 18 octobre, les cadavres de six immigrants d'origine kurde ont été trouvés sur le bord d'une route nationale, près de Foggia dans le sud de l'Italie. D'après la police italienne, ces six clandestins, qui voyageaient dans la remorque d'un camion transportant des balles de coton, seraient morts asphyxiés par le manque d'oxygène et la poussière. Le chauffeur du camion se serait débarrassé de ces hommes, déjà morts ou mourants, avant de rejoindre l'autoroute en écrasant de surcroît sur son passage le cadavre de l'un d'eux.

La fin tragique de ces hommes de 20 à 35 ans, qui s'en étaient remis à des trafiquants sans scrupules pour tenter de fuir la misère et le désespoir, s'ajoute à la longue liste de tous ceux qui chaque jour meurent pour avoir tenté de pénétrer dans un de ces pays riches qui les repoussent impitoyablement. Car c'est tous les jours que des immigrants périssent dans le détroit de Gibraltar, sur les côtes de l'Adriatique, aux abords des Canaries ou sur les routes qui viennent des pays de l'Est pour les conduire vers l'un des pays d'Europe. Et quand ils ont mis un pied en Europe dans l'un d'eux, c'est encore clandestinement qu'ils doivent circuler, franchir les frontières, totalement à la merci des réseaux de passeurs qui, moyennant des sommes considérables, sont censés les conduire vers une terre d'asile où, en réalité, ils trouveront encore la misère.

Mais les mafias sans scrupules qui s'enrichissent bien souvent du trafic de drogue en même temps que du trafic de chair humaine, ne sont pas les premiers responsables de cette situation.

Tant que le fonctionnement de la société reposera sur cet ordre injuste, qui concentre toutes les richesses dans une minorité de pays riches pendant que la majorité des pays de la planète s'enfoncent dans la misère, rien n'empêchera des centaines et des centaines de milliers de pauvres de tenter, fût-ce au risque de leur vie, de fuir la misère et la faim. Les dirigeants des pays nantis auront beau se barder de frontières, multiplier les législations répressives, refuser de régulariser les clandestins comme ici en France, ou comme en Italie ou en Allemagne, ils pourront bien renforcer la collaboration entre leurs polices, ils n'empêcheront pas les filières de l'immigration clandestine de prospérer. Au contraire, l'accroissement des risques rend plus indispensable l'intervention des trafiquants qui feront payer de plus en plus cher leurs " services " aux pauvres dont ils exploitent sans scrupules le dénuement.

La multiplication de ces drames tout comme le sort auquel sont condamnés les clandestins dans les pays riches - et la situation des sans-papiers dans un pays comme la France en est un exemple - sont une condamnation de cet ordre social inhumain. Et la concentration des richesses dans quelques pays pendant que des milliards d'individus sont privés de tout est d'autant plus révoltante que le développement des techniques, les progrès scientifiques, permettraient facilement de nourrir, loger et soigner les habitants de notre planète.

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