Il faut une augmentation massive et générale des salaires !27/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1685.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Il faut une augmentation massive et générale des salaires !

Dans son intervention sur TF1 jeudi 19 octobre, Jospin a eu quelques mots pour parler de la situation des salaires :" Le pouvoir d'achat ne baisse pas, il augmente " ; et de préciser, pour appuyer sa démonstration, que la masse salariale aurait augmenté de 2,5 % entre 1997 et 1999, contre 0,7 % entre 1994 et 1996.

Seulement c'est là un tour de passe- passe, car cette augmentation de la masse salariale, au niveau de l'ensemble du pays, ne doit rien à l'augmentation des salaires mais est entièrement due à la baisse relative du chômage. Quant au pouvoir d'achat réel des salariés, des retraités et des chômeurs il continue à stagner, voire à régresser. Et quand le même Jospin affirme sans rire qu'il faudrait " penser un peu plus à la répartition des fruits de la croissance ", le niveau de sa "réflexion" est illustré par l'annonce de la revalorisation "exceptionnelle" des retraites pour l'année prochaine : 2,2 % pour une hausse des prix déjà constatée en septembre de 3,1 % sur les douze derniers mois.

Toutes les enquêtes officielles confirment que les inégalités continuent de se creuser, que la différence entre l'évolution des salaires et celle des profits n'a jamais été aussi importante ces vingt dernières années. S'il s'agissait véritablement de répartir d'une façon juste les fruits de la croissance, il faudrait rattraper l'explosion des bénéfices qui s'est faite sur la sueur et la peau des travailleurs, ceux qui ont un emploi tout comme les chômeurs.

On constate une augmentation du Produit Industriel Brut de 3,9 % sur douze mois, mais cet indicateur ne donne qu'une idée très déformée de l'augmentation de la richesse des plus riches. Il y a quelques semaines Le Monde annonçait que pour les six premiers mois de l'année 2000 les vingt plus grandes entreprises du pays avaient vu leur bénéfice augmenter autant que pour toute l'année 1999, soit un rythme de hausse annuel de 100 %. L'année 1999 avait pourtant déjà été une année record, avec des hausses officielles qui s'étalaient de 15 à plus de 100 %. Et encore les hausses des profits réels sont-elles encore plus considérables, car tous les groupes industriels mettent des milliards de côté pour réaliser des achats spéculatifs d'autres entreprises ou d'une partie d'entre elles ; on les voit alors mettre sur la table des paquets d'argent frais, mis à l'ombre, par milliards quand ce n'est pas par dizaines de milliards.

Ces profits faramineux, la classe ouvrière les a payés et les paye encore au prix fort. Le " manque de main-d'oeuvre " que font valoir les patrons, voire le gouvernement, sont pour une bonne part la traduction des appétits sans bornes des patrons qui voudraient embaucher en contrats précaires, à temps partiel et à paye partielle, et à tout coup à des salaires très bas. Un organisme européen qui vient de rendre publics ses travaux, la Fondation de Dublin, relève que dans les pays de l'Union européenne aujourd'hui la moitié des emplois nouveaux ne sont pas permanents ; 17 % des salariés sont à temps partiel. Partout on constate une très forte dégradation des conditions de travail par rapport aux années précédentes. Aujourd'hui 60 % des salariés de l'Union se plaignent de rythmes de travail trop intensifs et 37 % d'avoir à porter des charges trop lourdes au travail. En France cette surexploitation se traduit par les chiffres publiés par le ministère du Travail. De 1995 à 1997 les maladies professionnelles ont augmenté de 35 %, quant aux accidents dus aux troubles musculo-squelettiques, les TMS directement liés à l'aggravation des cadences, ils ont augmenté dans la même période de 47 %.

Les économistes se disputent pour savoir si le salaire réel, le salaire nominal ou le pouvoir d'achat ont augmenté les vingt dernières années de 10, de 8 % ou ont baissé. Mais chacun reconnaît que la richesse des grands groupes industriels, financiers et commerciaux s'est démultipliée, pour certains a été multipliée par dix ou plus c'est-à-dire qu'il faudrait opposer ces 1 à 10 % à des 300, 500,1000 % ou plus. D'ailleurs, au-delà des phrases toutes faites, le ministère des Finances traduit cela dans son rapport sur le budget 2000, en indiquant, avec des propos diplomatiques, les principes du gouvernement pour l'avenir : " Le dynamisme de l'emploi... tire bénéfice d'une longue période de modération salariale ".

Mais cette situation n'a que trop duré. Le monde du travail n'a rien à attendre du gouvernement dans ce domaine. Pour inverser le cours des choses et en finir avec les bas salaires et imposer une autre répartition des richesses, il ne pourra compter que sur ses luttes pour conquérir une augmentation générale et substantielle de tous les salaires, pensions et indemnités.

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