Europe - Parlement de Strasbourg : Marchands d'armes, élargissement et Charte de l'"Europe"13/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1683.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Europe - Parlement de Strasbourg : Marchands d'armes, élargissement et Charte de l'"Europe"

Alors qu'en Cisjordanie l'armée et la police israéliennes tiraient sur des manifestants palestiniens, le Parlement européen (qui s'est dit " consterné par les événements "... en renvoyant dos à dos Israéliens et Palestiniens) discutait de ce qu'il appelle un "code de conduite"... en matière d'exportations d'armes !

Armes, "morale" et gros sous

France, Grande-Bretagne et Allemagne se disputent la place de second des Etats-Unis en ce domaine. Et nombre de députés européens, qui ne manquent pas une occasion d'affirmer leur solidarité avec les intérêts des Etats impérialistes et du leur en particulier, n'ont pas enfreint cette règle. Ils ont adopté massivement ce code qui a reçu les félicitations d'un expert, le député européen de droite Morillon, général français qui a commandé des troupes de l'ONU en ex-Yougoslavie. On a les soutiens que l'on mérite !

L'auteur britannique du rapport, Titley, dit avoir recensé plus de 300 sociétés de ventes d'armes rien que dans le sud-est de l'Angleterre ; on pourrait sans doute faire le même type de décompte dans les grands Etats du continent. Bien évidemment, ledit code de bonne conduite ne veut en rien gêner les affaires de ce petit monde, mais y mettre de l'ordre, et d'abord en faveur des grandes puissances exportatrices. Cela explique que des députés d'autres fournisseurs d'armes, telle la Suède, aient renâclé en invoquant... la neutralité de leur Etat.

Le rapport se prétendait guidé par " les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme " ; le commissaire européen Patten, lui, a crûment rappelé qu'il s'agissait de "renforcer la cohérence de la PESC ", la politique extérieure et militaire commune de l'Europe.

Notre camarade Chantal Cauquil a donc, au nom des trois députées européennes de Lutte Ouvrière, déclaré que nous rejetions ce rapport où " l'odieux le dispute au ridicule ", rappelant que " l'arme qui a servi à [...] tuer de sang-froid un enfant palestinien est sans doute un produit du commerce d'armements " moralisé " et " réglementé ", comme l'ont été [...] les bombes déversées sur l'ex-Yougoslavie ou les mines à fragmentation laissées en Afrique ". Elle a affirmé que, " les armes (constituant) le produit phare du commerce international et une source de profits gigantesques pour nombre de groupes industriels qui se veulent respectables, le seul rôle dévolu au Parlement européen, c'est de couvrir de la feuille de vigne de l'hypocrisie le trafic des armes et la réalité infâme qui lui permet de prospérer. "

La Charte européenne

Expression, parmi d'autres, des contradictions d'un continent tiraillé entre les intérêts d'Etats nationaux rivaux, l'Union européenne (UE) n'a, depuis des décennies, toujours pas de constitution. Mais à défaut, elle veut se doter d'une Charte des droits fondamentaux.

" Nous n'avons pas voté contre, a déclaré notre camarade Arlette Laguiller, pour ne pas mélanger nos votes avec ceux de l'extrême droite qui s'oppose à ce qu'un certain nombre de droits fondamentaux puissent être même seulement affirmés et opposables à la souveraineté des Etats.

Mais nous n'avons nullement l'intention de cautionner la Charte elle-même, qui reste vague sur des droits humains aussi élémentaires que celui d'avoir un travail et un salaire correct ou encore celui d'avoir un logement, et qui concernent la majorité de la population. Comme elle est vague sur les protections sociales ou encore la liberté de circulation et de séjour des ressortissants de pays tiers. Elle est, en revanche, précise sur le droit de propriété et la liberté d'entreprise qui concernent surtout la minorité qui possède des capitaux et le droit d'en user et d'en abuser. "

A l'Est, pas grand-chose de nouveau

Le Parlement européen a fait son point annuel sur l'état des négociations avec douze pays candidats à l'entrée dans l'Union européenne, la plupart ayant appartenu à ce que l'on désignait comme le " bloc soviétique ". Le rapport global et ceux consacrés à chacun des candidats se félicitent des " progrès accomplis " pour que ces pays remplissent les conditions qui leur sont imposées.

" Que dans tous ces pays se creusent les inégalités sociales, que le niveau de vie de la population soit bas, que le chômage soit partout important, a déclaré Arlette Laguiller, les rédacteurs de ces rapports s'en accommodent [...]. Ils sous-estiment allègrement le problème des minorités nationales (et) ne disent rien de la montée des irrédentismes nationaux. (Mais) il reste le problème de fond. Même si ces pays [é] sont intégrés dans l'UE, ils le seront en fonction du rapport de forces, [...] en position de subordonnés par rapport (aux) puissances allemande, française et britannique qui se disputent depuis longtemps la suprématie sur l'Est (de l'Europe). L'économie de ces pays subit déjà la loi des grands trusts européens et leur intégration dans l'UE ne changera en rien la nature de ces rapports. " Notons que l'immense majorité du Parlement a voté ces rapports, y compris des députés de gauche et des élus de Partis Communistes ou ex-communistes même pas gênés que les rapporteurs disent nécessaire d'adapter ces pays " aux rigueurs de l'économie de marché ", d'y accélérer le rythme des privatisations ou de la restitution des propriétés terriennes ou industrielles confisquées à leurs propriétaires après la Seconde Guerre mondiale. Les Verts, eux, ont déposé des amendements demandant que l'on impose une fermeture plus rapide des centrales nucléaires en Europe de l'Est, sans se préoccuper que cela puisse forcer ses habitants à s'éclairer à la bougie...

Partager