Affaire Elf : Secret-défense... d'y regarder de trop prés13/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1683.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Elf : Secret-défense... d'y regarder de trop prés

Le ministre des Finances Laurent Fabius vient de lever en partie le " secret-défense " concernant les transactions d'Elf avec les pays étrangers, transactions qui s'accompagnaient de versements aussi occultes que copieux à des intermédiaires. Les juges qui enquêtent depuis plusieurs années déjà sur les magouilles financières de la compagnie pétrolière sont donc autorisés à consulter une partie des dossiers détenus par les Douanes. Car c'est à ce service que les entreprises françaises qui passent des marchés avec des pays étrangers déclarent les commissions qu'elles souhaitent déduire de leurs bénéfices, pudiquement appelées " frais commerciaux extérieurs ", et parfaitement légales.

Il n'est d'ailleurs pas reproché à Elf d'avoir versé ces commissions, seuls leur montant ainsi que les destinataires sont suspects. Ainsi, pour des contrats passés avec l'Allemagne et l'Espagne, elles se seraient élevées respectivement à 330 et 400 millions de francs, dont ont bénéficié des hommes proches du pouvoir, quel que soit le pays. La levée du secret-défense permettra peut-être d'en savoir plus sur tous les pots-de-vin versés par Elf.

Mais par-delà les dessous-de-table et les scandales financiers qui ont toujours accompagné la conquête de marchés depuis qu'existe le système capitaliste, il existe un détournement de fonds publics, qui se pratique au grand jour et en toute légalité, sans qu'il y ait besoin de le masquer par un secret-défense : cela concerne les subventions versées par les Etats soi-disant pour favoriser l'implantation d'entreprises, créer des emplois, etc. Ainsi, pour qu'Elf puisse s'installer à Leuna, dans l'ex-Allemagne de l'Est, le gouvernement allemand a versé à la compagnie des subventions s'élevant à 5,3 milliards de francs, somme approuvée par la Commission européenne, alors qu'un accord conclu entre Kohl et Mitterrand avait déjà préparé la place !

Et combien aussi le gouvernement français a-t-il versé à Elf (et à tous les autres), au titre " d'aide au développement industriel " ? Combien ont touché toutes les entreprises qui ont travaillé sur le porte-avions Charles-De-Gaulle, qui vient de faire son premier petit tour en mer de Brest à Toulon ? Secret-défense ?

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