Tunnel du Mont Blanc : Des profits criminels06/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1682.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Tunnel du Mont Blanc : Des profits criminels

Un nouveau rapport, qui met à nouveau en cause la société des Autoroute et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB), vient d'être publié, un an et demi après l'incendie dans le tunnel qui avait fait, le 24 mars 1999, 39 victimes.

Il montre que les feux, situés à intervalles réguliers sous le tunnel, n'auraient été actionnés pour passer au rouge que neuf minutes après que l'alerte a été déclenchée. Si cela avait été fait immédiatement, cela aurait pu empêcher des véhicules de rouler vers le brasier, et sauver la vie de plusieurs personnes, ainsi que le notent les avocats des familles des victimes.

L'ATMB se défend en disant que ce rapport informatique ne peut être fiable, puisque les feux sont actionnés manuellement. Peut-être, mais il y a aussi tout ce que l'enquête a déjà révélé quant à sa responsabilité dans les conséquences de l'accident.

Déjà, du côté français, là où la majorité des véhicules ont été pris dans l'incendie, les barrières d'entrée avaient été fermées au bout d'une minute seulement, laissant passer deux voitures. Mais surtout, alors que ce tunnel rapportait entre 40 et 100 millions de francs par an depuis 1993 à la société d'économie mixte qui le gère, " pas un centime d'investisement en terme de sécurité n'y a été réalisé ", note un avocat des familles des victimes. Les seuls investissements ont été faits dans le domaine informatique, ce qui n'empêchait pas les feux d'être actionnés manuellement.

Construit en 1965, à l'origine pour des automobiles, ce tunnel s'est vite avéré inadapté à l'augmentation du trafic, surtout celui des poids lourds qui l'empruntaient à raison de 2 000 par jour. Voies étroites, ventilation dépassée en regard de l'intensité du trafic et inefficace, niches de secours ne résistant pas à la chaleur d'un incendie, tout cela avait déjà été mis en évidence par les pompiers dans un rapport datant de 1998, qui dénonçait en outre le fait qu'aucun exercice de sécurité n'avait été effectué. Mais pour l'ATMB, il n'était pas question de fermer le tunnel, ne serait-ce qu'un seul jour, pour permettre cet exercice.

Chaque élément de l'enquête montre que, pour ne pas perdre un centime, l'ATMB a sciemment mis en danger la vie des conducteurs qui empruntaient le tunnel et est directement responsable de la mort de 39 personnes. Il paraîtrait que des mises en examen seraient prévues pour le mois d'octobre. Mais jusqu'à présent, le seul inculpé reste le chauffeur du poids lourd qui a pris feu, c'est-à-dire le moins responsable.

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