Travail de nuit des femmes : Un alignement par le bas06/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1682.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Travail de nuit des femmes : Un alignement par le bas

En principe, le travail de nuit des femmes est toujours interdit par le code français du travail. Cet interdit fut promulgué en 1892 pour protéger les femmes des travaux pénibles dans les mines, les carrières et les manufactures. Actuellement, il n'est admis que dans les cas où il est " volontaire ", mais on sait que le patronat s'y entend à créer des " volontaires " quand il en a besoin. Le fait est que plus de 800 000 femmes salariées travaillent de nuit, essentiellement dans les secteurs de la santé et de l'action sociale (385 000) mais aussi dans l'industrie (46 000) où théoriquement c'est interdit.

Les pressions du patronat pour l'abrogation de cette disposition ne datent pas d'aujourd'hui. Et il a trouvé un allié avec le droit européen. En effet, sous prétexte de supprimer toute discrimination fondée sur le sexe, l'Europe a adopté une directive levant l'interdiction. Et l'an dernier, la cour de justice européenne a même condamné la France pour non-application des textes communautaires.

Du coup, le gouvernement Jospin a décidé de s'aligner... par le bas. Dans le cadre de la proposition de loi sur " l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ", il a présenté mardi 3 octobre un amendement autorisant le travail de nuit des femmes. Certes, le texte soumis à l'approbation des sénateurs prétend instituer une surveillance médicale spéciale et met à part les femmes enceintes, mais cela ne change pas grand-chose au recul qu'il introduit dans la législation du travail. Pour faire progresser la législation du travail, c'est le travail de nuit des hommes qu'il faudrait également interdire dans tous les cas où il n'est pas indispensable à la population.

Tant qu'à se pencher sur les discriminations professionnelles entre les hommes et les femmes, le gouvernement aurait pu aussi renforcer la lutte contre les inégalités en matière d'emploi et de salaire, mais cela ne plairait pas au patronat. Il n'y a que sur le progrès à reculons qu'il s'active !

Partager