La nécessaire lutte d'ensemble pour les salaires06/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1682.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La nécessaire lutte d'ensemble pour les salaires

La CGT a lancé, du 2 au 7 octobre, une semaine d'action sur les salaires. Un appel à la grève était prévu à EDF-GDF pour mardi. Il serait aussi question d'aller "vers des actions dans le bâtiment un peu plus tard" selon le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault. Les cheminots, eux, se sont mis en grève la semaine dernière pour réclamer une augmentation de leur salaire. Il serait effectivement temps que les travailleurs se fassent vraiment entendre, car c'est vrai que le pouvoir d'achat n'a cessé de diminuer, et ce depuis près de vingt ans maintenant.

Les patrons ne l'entendent évidemment pas de cette oreille, car leur soif de profit n'est jamais assouvie. Pour s'opposer à ces justes augmentations de salaires, ils invoquent toujours les mêmes prétextes. Mercredi 27 septembre, Ernest-Antoine Seillière, le patron des patrons, se plaignait de voir "les revendications monter dans notre pays sur les salaires puisqu'il y a croissance ; on oublie qu'on a mis en place les 35 heures, c'est-à-dire qu'on a donné à l'ensemble des Français un droit à travailler quatre heures de moins par semaine sans pour autant toucher à la feuille de salaire. C'est très difficile de faire à la fois la diminution du temps de travail et la hausse des salaires." Seillière est très peu convaincant quand il prétend que c'est "très difficile". Il fait semblant d'oublier que l'application des 35 heures a permis à bien des patrons de rogner sur les salaires, comme dans cet Intermarché de Bressols, dans le Tarn-et-Garonne, où les salariés ont dû se mettre en grève contre une baisse de 500 F par mois sur leur paie. Seillière laisse de côté encore les 170 milliards de franc, récupérés par le patronat pour l'application des 35 heures, sous forme de baisse de cotisations.

Mais surtout, les bénéfices de toutes les grandes entreprises ont fait des bonds considérables. Il y aurait largement de quoi puiser dans ces bénéfices pour créer des emplois et augmenter les salaires. Mais cela n'empêche pas les patrons de continuer à mettre en avant leurs prétendues "difficultés". Ainsi Denis Gautier Sauvagnac, le vice-président délégué général du syndicat patronal de la métallurgie, l'UIMM (Union des industries métallurgiques et minières), dans une interview à La Tribune du vendredi 29 septembre, prétend "qu'il y a eu effectivement une hausse des salaires en 2000 qui a été payée en repos", et de faire écho à Seillière sur le "coût des 35 heures", "bien réel". Le vice-président de l'UIMM ne fait que reprendre toutes les fausses justifications avancées depuis toutes ces dernières années : le risque de voir les prix augmenter si les salaires augmentent, le risque pour l'emploi, la "dure" concurrence internationale. "Nous sommes dans un monde complètement ouvert, avec une concurrence exacerbée", dit-il. "Pour faire face à cette concurrence, les entreprises ont besoin de ressources, de trésorerie, de capacités d'investissement. Ceux qui montrent du doigt les profits des entreprises critiquent les meilleures armes pour la croissance et l'emploi.nous ne regardons pas assez au-delà des frontières".

Les patrons mènent leur combat. Il est temps que les travailleurs mènent le leur pour arracher au patronat leur dû. D'ailleurs bien des travailleurs le pensent, comme le montre un sondage paru dans L'Humanité de samedi, affirmant que 64% des salariés seraient prêts à se mobiliser, comme le montre encore la sympathie pour les derniers mouvements de grève de la SNCF et de la RATP.

Ce que propose la CGT peut être un début. Mais il faudrait qu'il y ait une suite à ces journées d'action. Pour arracher déjà les 1500 à 2000 F par mois qui correspondent à ce qui a été perdu en pouvoir d'achat depuis plusieurs années, il faudrait un véritable plan d'action pour l'ensemble de la classe ouvrière. Les travailleurs, s'ils veulent réussir, ne pourront pas en rester à des journées de protestation.

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