Immigrés : Maltraités avant d'être expulsés.06/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1682.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Immigrés : Maltraités avant d'être expulsés.

Le gouvernement s'apprête à publier un décret sur le fonctionnement des centres où sont retenus les étrangers en instance d'expulsion. Outre quinze centres " officiels ", il en existe actuellement une centaine d'autres, dans des commissariats, des cellules de préfecture ou des hangars sur les ports. Les conditions dans lesquelles y sont entassés les immigrés en butte aux procédures d'expulsion, le plus souvent sans hygiène ni contact avec l'extérieur, sont un scandale qui a été maintes fois dénoncé. En 1995 par exemple, le dépôt de la préfecture de police de Paris avait été fermé après que des immigrés qui y étaient détenus eurent fait état de sévices et des conditions inhumaines qu'on leur imposait. Mais l'émotion passée, les choses continuent comme avant. En mai 1999, un Tunisien est mort dans le centre d'Arenc, situé dans la zone portuaire de Marseille, faute d'avoir reçu des soins à temps.

C'est pourtant cette situation que s'apprête à perpétuer le gouvernement. Le décret, qui vient de passer devant le Conseil d'Etat, prévoit qu'à côté de Centres de Rétention Administrative disposant, au moins sur le papier, de conditions d'hygiène minimum, il en existera d'autres dans des locaux simplement désignés par arrêtés préfectoraux. La police pourra y placer les immigrés en attente d'expulsion. En fait, la situation des hommes et des femmes qui y seront enfermés est le cadet des soucis des membres du gouvernement. Lorsqu'il avait présenté sa loi sur l'immigration, Chevènement avait voulu faire croire que les reconduites à la frontière se passeraient désormais de façon plus humaine. Il espérait faire ainsi avaler à l'opinion publique de gauche les aspects les plus répressifs de sa loi. Les centres de rétention étaient maintenus, on pouvait même y emprisonner les expulsables pendant 12 jours au lieu de 10 auparavant, mais cela se ferait dans la dignité, disait-il. Pourtant rien n'a changé, et rien ne va changer. Il en est d'ailleurs de même pour tous les autres aspects des expulsions, qu'il s'agisse des interpellations des immigrés à leur domicile ou de la façon dont ils sont souvent traînés et entravés dans les avions, et qui suscite régulièrement l'indignation des passagers et des équipages. Et cela n'a rien d'étonnant, car si le gouvernement voulait vraiment faire preuve d'humanité, c'est l'ensemble de cette odieuse chasse aux immigrés qu'il devrait arrêter.

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