Oui c'est bien, non c'est bien aussi, a dit Chirac : S'abstenir c'est mieux ont répondu les électeurs !29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Oui c'est bien, non c'est bien aussi, a dit Chirac : S'abstenir c'est mieux ont répondu les électeurs !

Si l'on ajoute les votes blancs et nuls aux abstentions, il n'y a qu'un électeur sur quatre qui a répondu à la question sans intérêt que Jospin et Chirac s'étaient entendus pour poser aux électeurs.

Aujourd'hui, tous les partis qui ont appelé à voter oui ou non essaient de se dédouaner du fiasco de ce référendum.

En fait, il est vraisemblable que la plupart des électeurs n'ont fait que manifester leur indifférence pour une question sans aucun rapport avec leur vie quotidienne. Que le locataire de l'Elysée ait un bail de sept ans ou de cinq ans, que nous importe ! Et ceux qui déconsidèrent le droit de vote, ce sont ceux qui ont voulu déplacer quarante millions d'électeurs pour répondre à une question futile.

Nous sommes tous bien plus concernés par le prix de l'essence, celui des loyers, par les impôts, le problème des hôpitaux et des remboursements de la Sécurité sociale, celui des retraites, celui des classes encore surchargées dans l'enseignement primaire et les collèges ou celui des transports en commun. Non, tous ces problèmes-là préoccupent trop les classes populaires pour qu'elles aient envie de répondre à un tel référendum. Ce n'est pas une protestation, c'est de l'indifférence pour ce qui agite le chef de l'Etat et le chef du gouvernement.

Bien sûr, ce n'est pas parce que le Parti Communiste Français et, plus modestement, Lutte Ouvrière, appelaient à l'abstention qu'il y a eu un tel résultat. Ce résultat est une réaction spontanée. C'est l'ensemble des électeurs et, la répartition des votes le prouve, en particulier ceux des classes populaires, qui se sont désintéressés de la question.

La politique, pour la population, pour les travailleurs, c'est la politique sociale, ce sont les salaires, ce sont les impôts, ce sont les prix, ce sont les conditions de travail et les conditions de vie. C'est cela la politique qui ne préoccupe pas les hommes qui nous gouvernent. Ce ne sont pas les masses populaires qui se désintéressent de cette politique, ce sont les hommes du gouvernement. Et les classes populaires savaient fort bien que le référendum ne changerait pas leur sort. On peut changer le président de la République, remplacer un soi-disant de gauche par un de droite, changer la composition de l'Assemblée nationale, avec pour résultat d'avoir un gouvernement de gauche à la place d'un gouvernement de droite, sans que cela change quoi que ce soit. Alors, le référendum... !

La réforme fiscale du ministre socialiste des Finances, Fabius, favorise une fois de plus les plus riches, les grandes entreprises dont on diminue l'impôt, tout en consacrant une grande partie des finances de l'Etat à leur faire des cadeaux financiers. Et quand on voit que le prédécesseur de Fabius au ministère des Finances, Strauss-Kahn, lui aussi ministre d'un gouvernement prétendument socialiste, a peut-être fait payer aux contribuables une remise d'impôt à un client de l'avocat qui détenait l'original de la cassette vidéo qui accuse Chirac, pour la soustraire à la justice, on voit que ces gens-là sont du même monde. Leur solidarité va d'un ministre de gauche à un président de droite, mais sans passer par les intérêts de la population.

Alors, la conclusion est qu'il ne faut pas compter sur le bulletin de vote pour changer les choses. A la rigueur, on peut s'en servir pour s'exprimer quand il y a un moyen de le faire et pas le choix entre répondre par oui ou par non à une question qui ne nous concerne pas.

Les patrons routiers ont su se faire entendre par d'autres moyens et ont obtenu en grande partie gain de cause. Eh bien, nous, tous les travailleurs, nous devrions être aussi résolus et aussi peu respectueux de l'ordre que le sont les patrons !

Nous devrions utiliser nous aussi la force numérique et sociale que nous représentons pour nous faire entendre et imposer les changements sociaux qui sont indispensables pour que le déchaînement des financiers - hausse vertigineuse des bénéfices, des actions en Bourse, du dollar ou du pétrole - ne réduise pas toute la population à la misère.

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