Budget 2001 : La fin de la rigueur, pour qui ?29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Budget 2001 : La fin de la rigueur, pour qui ?

En présentant son projet de budget, le ministre des Finances Laurent Fabius s'est félicité de ce qu'il rompait avec l'austérité jusque-là en vigueur puisque les dépenses de l'Etat allaient augmenter de 1,5 % (soit 0,3 % de plus que l'inflation prévue). De plus, c'en serait fini, selon lui, avec le gel des emplois, l'Etat allait de nouveau embaucher des fonctionnaires !

En fait, à y regarder de plus près, ce budget reste dans la droite ligne des précédents : quelques ministères voient leurs crédits augmenter légèrement, mais d'autres, comme le ministère de l'Emploi, touchent moins, compte tenu, affirme le gouvernement, de la baisse du nombre de chômeurs. Mais pas question de baisser le budget des Armées, bien qu'il n'y ait presque plus d'appelés, ni les aides aux entreprises.

Quant aux emplois créés, leur nombre est dérisoire en regard des 2 800 000 chômeurs recensés et, surtout, des besoins de la population. Ce n'est certes pas cela qui va mettre fin à la dégradation des services publics.

De plus, si l'on en juge par l'exemple de l'Education nationale, rien ne dit qu'il s'agit de postes nouveaux.

Enseignement : le ministre doit apprendre à compter

Avec 4 375 créations d'emplois, le ministère de l'Education nationale absorbe à lui seul 40 % du total des emplois annoncés. Sur les quelque 71 000 établissements scolaires que compte le pays, cela ne ferait guère qu'un emploi en plus pour dix-sept établissements, répartis entre les personnels de service et d'entretien (1 375), de santé (300) et d'enseignement. Mais cela ne signifie même pas une personne nouvelle, puisque bon nombre d'enseignants étaient déjà en place.

Ainsi, dans le secondaire, les 5 000 créations d'emplois correspondent pour une large part à la transformation d'heures supplémentaires en postes ou à la titularisation de précaires. Au total, note la secrétaire générale de la FSU, Monique Vuaillat, " il n'y aura que 390 enseignants nouveaux devant les élèves ", pour les lycées et collèges, 180 dans l'enseignement professionnel. Il en va de même dans le primaire : 800 enseignants... pour 60 000 écoles !

Chiffres partiels, tronqués, ridiculement bas, cela n'empêche pas Lang et Fabius de pavoiser sur la prétendue fin du gel des emplois !

Armée : toujours plus

Autre gros poste de dépenses pour l'Etat, le ministère des Armées. Avec 244,7 milliards de francs, le budget de la Défense arrive au deuxième rang, loin devant les Transports et le Logement par exemple. Et pas question de diminuer les crédits, bien qu'on ne voie pas vraiment quel ennemi menace actuellement le pays !

Il est vrai que les crédits attribués à ce poste sont une façon de subventionner toute une pléiade d'entreprises (de l'alimentaire à l'informatique, en passant par le textile et l'aéronautique), outre que la France utilise son armée pour contrôler les ex-territoires coloniaux et imposer sa politique, en Afrique notamment.

Ainsi, en 2001, l'armée pourra acheter 20 avions Rafale à Dassault, 52 chars Leclerc à Giat Industrie, une cinquantaine d'Airbus militaires pour un total de 40 milliards de francs. Eurocopter pourra lancer la production des hélicoptères Tigre et Matra des missiles de croisière. La marine n'est pas oubliée avec la construction de deux nouvelles frégates à raison de 5 milliards chacune.

Pendant ce temps, on ferme des hôpitaux et des maternités jugées " non rentables ". Parce qu'un missile, c'est rentable pour la population ?

Transport : la route privilégiée

Malgré tous les beaux discours sur la défense de l'environnement, les " journées sans voiture ", la nécessité de donner la priorité aux transports ferroviaires, l'Etat va consacrer 4,43 milliards aux programmes routiers et 1,7 milliard aux investissements ferroviaires : trois fois plus d'argent pour la route que pour le rail.

Les entreprises de travaux publics, les concessionnaires d'autoroutes, les pétroliers et les constructeurs de voitures peuvent continuer à se frotter les mains. Que cela entraîne encore plus de pollution ne gêne pas non plus Dominique Voynet qui s'auto-félicite parce que les crédits de son ministère ont augmenté.

Quant aux usagers de la SNCF, ils peuvent toujours attendre la réouverture des lignes secondaires supprimées en regardant les affiches publicitaires de la SNCF vantant les transports de proximité.

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