Amiante : Gouvernants et patrons, main dans la main08/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1678.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : Gouvernants et patrons, main dans la main

Neuf anciens ministres viennent d'être mis en cause à propos de décès liés à l'amiante. Parmi eux Laurent Fabius, Alain Madelin, Dominique Strauss-Kahn. Il s'agit de plaintes déposées par les familles de quatre victimes décédées de maladies causées par ce produit, et contractées en travaillant à la Sollac, chez Eternit ou Elf-Atochem. C'est la Cour de justice de la République, devant laquelle avaient déjà comparu les ministres inculpés dans l'affaire du sang contaminé, qui aurait à se prononcer. Encore faut-il que la plainte soit retenue, ce qui est loin d'être dit. Ces plaintes portent sur le fait que les gouvernements successifs connaissaient parfaitement les risques mortels liés à l'amiante, et n'ont rien fait pendant des années pour empêcher l'utilisation de ce produit par les industriels.

Cela est une évidence, et reste même en dessous de la réalité. En fait, sous la pression des grosses sociétés, les gouvernants ont même activement contribué à travestir la vérité en ce domaine. Au moins depuis les années 1900, on sait que l'exposition à l'amiante provoque des fibroses pulmonaires semblables à la silicose des mineurs, ainsi que des cancers de la plèvre et des poumons. Pourtant, c'est seulement en 1996 que ce produit a été interdit en France. En 1982, alors même que la multiplication des décès et l'interdiction de l'amiante dans un certain nombre de pays auraient dû rendre évidente la nécessité de ne plus l'utiliser, les pouvoirs publics, les industriels liés à l'amiante et un certain nombre de scientifiques créaient un " Centre permanent amiante " qui s'obstina pendant des années à nier les méfaits de ce produit. Des groupes comme Saint-Gobain ou Eternit faisaient des milliards de bénéfices avec cet amiante, que l'on appelait même parfois " l'or blanc ". Ils tenaient à continuer le plus longtemps possible, et l'Etat les y a largement aidés. Ces longues années qui se sont écoulées avant l'interdiction ont fait des milliers de victimes supplémentaires, et vu le temps que ces maladies mettent à se déclarer l'INSERM estime que, d'ici à 2025, ce sont 100 000 personnes qui devraient en mourir.

Si une partie de ceux qui ont permis ces assassinats en série avaient des comptes à rendre, cela ne serait donc que justice.

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