UNEDIC : Quand les syndicats demandent au patronat de renégocier01/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1677.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

UNEDIC : Quand les syndicats demandent au patronat de renégocier

Lundi 28 août, CGT, FO et CGC, non signataires de la convention sur l'assurance-chômage, ont envoyé une lettre aux signataires, c'est-à-dire aux patrons du MEDEF, à la CFDT et à la CFTC, pour les inviter à revenir à la table des négociations. Pour quoi faire ? Pour rediscuter afin de " dégager les conditions d'un accord large et dynamique " et " élaborer des solutions neuves visant exclusivement l'intérêt des demandeurs d'emploi, la réduction de la fracture sociale et l'efficacité économique ", est-il écrit. " Il faut repartir de zéro, faire du neuf " avec comme seul objectif " l'intérêt des chômeurs ", précise encore la lettre en question. Comme si ce pouvait être d'une quelconque façon la préoccupation du patronat !

La convention sur l'assurance-chômage, annoncée en juin par le MEDEF et signée par la CFTC et surtout par la CFDT de Nicole Notat, représente une véritable déclaration de guerre du patronat aux travailleurs. Le Plan d'Aide de Retour à l'Emploi, le PARE, vise à détruire le système de protection sociale, déjà bien limité, des salariés privés d'emploi. Ce plan prévoit, en effet, une période d'indemnisation de six mois, indemnisation réduite dès le deuxième refus d'un emploi proposé, quelles que soient les raisons de ce refus. Au quatrième refus, la radiation serait définitive avec les conséquences qui en découleraient : plus aucune indemnité, plus aucun droit.

Tel quel, le projet est si ouvertement défavorable aux chômeurs et a été si largement ressenti comme tel au moment de son annonce que le gouvernement lui-même a décidé de ne pas l'entériner, sans toutefois contester sur le fond la nécessité de revoir le fonctionnement de l'assurance-chômage et donc en reconnaissant le bien-fondé de l'initiative patronale... à tel point qu'il agréait, par arrêté, deux autres dispositifs figurant dans cet accord. Et dans les faits tout le monde, gouvernement comme syndicats signataires et non signataires, est bien d'accord pour se situer dans le cadre imposé par le patronat. Les syndicats signataires ont certes ouvertement cautionné l'opération du MEDEF, y compris d'ailleurs son arrogance, son agressivité à l'égard des chômeurs, de tous les travailleurs, des syndicalistes et même du gouvernement. Il est vrai que ce dernier en a l'habitude et est consentant...

Mais si les syndicats non signataires se sont démarqués de l'entreprise, si le gouvernement a refusé d'avaliser l'accord tel quel, ni les uns ni les autres ne remettent en cause la démarche. Tous parlent de la nécessité d'une " vraie refondation sociale ", qui serait à construire entre salariés, chômeurs, patrons et gouvernants. Tous les partis de la gauche plurielle (y compris le PCF), tous les syndicats (y compris la CGT), placent désormais la " refondation sociale ", c'est-à-dire tout simplement la collaboration de classe, au premier plan, façon de jeter aux oubliettes la lutte de classe.

De la part du gouvernement, et de Martine Aubry en particulier, cela n'est pas une première. On se souvient que ce fut elle qui instaura la dégressivité des allocations Assedic, en 1992, alors qu'elle était ministre du Travail. Il n'y a pas à attendre qu'elle se préoccupe aujourd'hui d'améliorer la situation des chômeurs, ne serait-ce qu'en utilisant par exemple l'excédent financier de l'Unedic, évalué à une dizaine de milliards de francs pour cette année, pour améliorer les indemnisations ou pour indemniser les 42 % de chômeurs qui ne le sont pas.

Par ailleurs, cette façon insistante dont les organisations syndicales, signataires ou non, s'accrochent au paritarisme, c'est-à-dire à la présence des patrons à leurs côtés, dans la gestion d'organismes sociaux comme l'Unedic, les Assedics ou la Sécurité sociale, est contraire aux intérêts des travailleurs. En revanche, on voit parfaitement l'intérêt que trouve le patronat à gérer l'argent des salariés, à décider de la façon dont il sera utilisé. Lorsque le MEDEF tape du poing sur la table en menaçant d'abandonner sa place à l'Unedic, le bluff est grossier et indécent. Et n'est-il pas tout aussi indécent de voir des organisations qui se réclament de la classe ouvrière quémander un accord avec les patrons ?

Aujourd'hui, alors que les patrons sont à l'attaque et parlent de " refondation sociale " pour mieux mener une lutte de classe impitoyable contre le monde ouvrier, ce n'est pas de cela que les travailleurs et les chômeurs ont besoin. Mais bien de savoir comment ils peuvent organiser une véritable riposte d'ensemble.

Partager