Prix des carburants : Ils nous pompent !01/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1677.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Prix des carburants : Ils nous pompent !

La flambée des prix des carburants provoque la grogne. L'essence a augmenté de 16 % en un an, et le fioul domestique de 50 % ! C'est le coup de bambou pour les automobilistes, et encore plus pour ceux qui se chauffent au fioul.

Les marins-pêcheurs, face à la hausse du prix du gazole, bloquent plusieurs ports. En doublant, et même au-delà, en un an, le coût du gazole rogne fortement les revenus des patrons pêcheurs et ceux des marins eux-mêmes, qui sont payés au pourcentage de la vente, moins les frais du bateau et donc du carburant. Cela représente une perte de 1 000 F et souvent plus sur le salaire mensuel. Pour nombre de bateaux, cela ne vaut même plus guère la peine de sortir en mer.

Cette augmentation serait due, à entendre les commentateurs, à celle du pétrole brut consécutive au prix du marché, lié à la politique de contingentement des pays producteurs. Mais c'est masquer le fait que les compagnies pétrolières, qui exploitent les gisements et en possèdent aussi, interviennent largement dans la fixation des prix du marché. Car leur profit, il se fait à tous les niveaux. Au niveau du raffinage et de la commercialisation, certes... mais aussi au niveau de l'extraction.

Les distributeurs invoquent les fluctuations du marché pour esquiver, aux yeux de l'opinion, leurs responsabilités mais ils répercutent sans complexe les hausses du pétrole brut sur le prix de vente à la pompe. Et sans plus de complexe, ils en empochent les dividendes.

Par contre, on n'a guère vu les prix à la pompe baisser quand le cours du baril était particulièrement bas, comme en 1998 par exemple, où il était trois fois moins cher qu'aujourd'hui ! Et surtout on n'a pas vu les profits des compagnies pétrolières s'écrouler ou se transformer en pertes.

A ajouter au racket des compagnies pétrolières, il y a celui de l'Etat. Car le prix de l'essence à la pompe est composé pour 70 à 80 % de taxes, qui ont rapporté 210 milliards à l'Etat en 1999. C'est ainsi que, sur les 7,27 F qu'on paye en moyenne aujourd'hui pour le litre de super sans plomb 95, le carburant revient a 2,21 F auxquels s'ajoutent 5,06 F de taxes. Celles-ci se décomposent en trois parties : la plus importante est de loin la TIPP, la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers. Elle est fixée chaque année et ne bouge pas en fonction des variations des prix du marché. Elle a rapporté à l'Etat 163 milliards sur les 210 milliards de recettes globales. S'ajoute une petite taxe pour le financement de l'Institut Français du Pétrole, l'IFP. Et pour couronner le tout, l'Etat fait peser la TVA de 19,6 % sur la totalité, le prix du carburant hors taxes augmenté de ces deux taxes. Ainsi non seulement l'Etat impose lourdement les consommateurs, et de la façon la plus injuste, car qu'on soit ouvrier ou milliardaire on paie l'essence au même prix, mais en plus il profite des augmentations et il les amplifie ! En effet, plus le carburant est cher, plus l'Etat touche de TVA !

Le président de l'Union Française des Industries du Pétrole, sans complexe, n'a pas manqué de rappeler que l'augmentation du prix des carburants rapporterait 7 milliards supplémentaires à l'Etat cette année. Pas mal, sans doute. Mais c'est encore une goutte d'eau, comparé aux profits des industries pétrolières.

Le gouvernement fait mine de s'émouvoir et de chercher des solutions à cette hausse des prix des carburants. Fabius étudierait plusieurs pistes... sans que l'on sache pour le moment celle qu'il empruntera. Peut-être modulera-t-il les taxes afin d'éponger les éventuelles augmentations futures ? Peut-être fera-t-il un peu baisser ces taxes pour que le prix de l'essence à la pompe diminue. Peut-être même fera-t-il mine de taxer les profits des pétroliers.

Pourtant, prélever sérieusement sur les profits de ceux-ci serait une façon de supprimer ces taxes qui pèsent essentiellement sur la population laborieuse. Ce ne sont pas les ressources qui manquent. En effet, les profits des pétroliers explosent : 116 % d'augmentation depuis l'an dernier pour Exxon Mobil, 95 % pour Shell, et sur des sommes déjà considérables puiqu'Exxon annonce l'équivalent de 55 milliards de francs de bénéfices, Shell 48 milliards, TotalFina et BP autour de 40 milliards. Oui, vraiment, il y a de quoi pomper !

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