Les prix de l'essence flambent tout comme les profits : Gare à l'explosion !01/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1677.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Les prix de l'essence flambent tout comme les profits : Gare à l'explosion !

Depuis plusieurs années, il existe au sein de notre organisation une tendance minoritaire. Cette tendance soumet des textes différents de ceux de la majorité au vote de nos camarades lors de nos conférences nationales. Mais elle s'est exprimée aussi, à chaque fois qu'elle l'a désiré, dans les bulletins intérieurs de notre organisation.

Ces camarades ont demandé à se constituer en tendance structurée ou, autrement dit, en fraction.

C'est pourquoi ils s'expriment dorénavant chaque semaine à cet endroit, dans les colonnes de notre hebdomadaire, parfois pour défendre des opinions identiques ou semblables à celles de la majorité, parfois pour défendre des points de vue différents.

Blocage des ports dans l'Hérault, le Finistère, au Havre, à Fécamp, à Boulogne... la colère des marins-pêcheurs se manifeste depuis la semaine dernière, ceux-ci n'hésitant pas à recourir à quelques actions spectaculaires, aussi bien contre des édifices publics (comme à Sète) qu'en direction des compagnies pétrolières (avec le blocage de la raffinerie de Frontignan). Le prix du gasoil " pêcheur " a plus que doublé en un an (passant de 0,80 F à plus de 2 F le litre) et selon certains responsables syndicaux, le manque à gagner serait actuellement de 1 500 F à 2 000 F par mois pour les marins rémunérés à la part de pêche !

Ils ne sont pourtant pas les seuls à avoir de bonnes raisons d'être en colère. Les automobilistes ont eu droit eux aussi à un sacré coup de pompe avec le super sans plomb à 7,50 F ou 8 F. D'autant que le pire est devant nous, cet hiver, quand il faudra payer la note de fioul avec une augmentation de l'ordre de 40 %.

Le gouvernement fait mine de réagir, tel Fabius qui promet quelques allégements de charges sociales mais semble peiner à trouver la solution pour baisser les taxes sur les carburants qui représentent plus de 70 % du coût total. Pourtant la solution existe ! Toutes les compagnies pétrolières avancent des profits faramineux, en augmentation de 100 % en moyenne sur un an ! Prendre l'argent là où il est, en taxant fortement ces requins pollueurs, ce serait possible à condition de le vouloir.

Or depuis des années on assiste à tout le contraire. Quant le prix du brut diminue (avec des conséquences dramatiques non pour les milliardaires d'Arabie Saoudite mais pour les populations d'Algérie, du Nigéria ou du Venezuela), l'Etat français en profite pour relever encore les taxes qu'il prélève sur le prix de l'essence. Et quand le prix du brut augmente, ce sont les compagnies qui s'entendent pour anticiper largement sur cette hausse - avec des réserves de plusieurs mois - en touchant le Jackpot ! Gouvernements et capitalistes s'entendent comme larrons en foire !

Cette atteinte à notre niveau de vie est d'autant plus insupportable que notre feuille de paye est déjà plombée depuis de nombreuses années. " Nous sommes dans une période de croissance " constatait Chirac lors de son intervention télévisée du 14 juillet, " et le pouvoir d'achat n'augmente pas ". C'est le moins qu'on puisse dire puisque tout augmente, les prix, les profits, la précarité, mais pas les salaires !

Alors faut-il " attendre " du gouvernement, comme l'a déclaré Robert Hue dimanche dernier, une augmentation " substantielle " du SMIC, des retraites et des minima sociaux ? Mais une augmentation " substantielle " ou même " exceptionnelle " qu'est-ce que c'est ?

Tout le monde sait que les chômeurs réclament une augmentation de 1 500 F des minima sociaux, et que dans les entreprises les pertes de pouvoir d'achat accumulées depuis des années sont partout de l'ordre de 1 500 ou 2 000 F ! Et pour réaliser de tels objectifs il ne suffira pas " d'attendre " du gouvernement - pas plus que du patronat - il faudra l'imposer !

Préparer une journée nationale de grève et de manifestation serait bien le moins que pourraient faire les organisations ouvrières.

Ce serait un bon moyen en cette rentrée pour renouer les liens tous ensemble. A condition toutefois que ce genre d'initiative (pour le moment seulement évoquée !) ne soit pas sans lendemain, et ne serve pas d'alibi à des dirigeants syndicaux qui jusqu'ici, ont été surtout préoccupés de signer des accords sur les 35 heures allant directement contre les intérêts des travailleurs, prévoyant notamment dans bien des cas un gel des salaires sur plusieurs années !

Pour nous redonner confiance en nos propres forces - qui sont infiniment plus grandes que celles des marins pécheurs ou des agriculteurs - une telle journée d'action devra s'inscrire dans un plan d'ensemble de mobilisation de toute la classe ouvrière. Pour des augmentations de salaire bien sûr, et aussi pour l'embauche des chômeurs et des précaires, sans laquelle on ne pourra en finir avec la misère dans ce pays !

Après avoir subi reculs sur reculs, après avoir subi tous les sacrifices alors que jamais la classe capitaliste ne s'est aussi bien portée, le temps de l'offensive est peut être venu !

Editorial des bulletins d'entreprises L'Etincelle du lundi 28 août 2000, publiés par la Fraction

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