France-Télécom : Les (très) gros sous des actionnaires sur le dos du personnel01/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1677.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France-Télécom : Les (très) gros sous des actionnaires sur le dos du personnel

France Télécom est une entreprise qui fait des profits considérables. Au moment des bilans, sa direction et son PDG, Michel Bon, mettent triomphalement ces résultats en avant, pour la plus grande satisfaction des actionnaires (l'Etat, pour sa part, ne détient plus que 54 % de son capital). L'action France Télécom est un des principaux fleurons de la Bourse de Paris et de son CAC 40.

Mais la soif de profits des gros actionnaires n'ayant pas de limites, et la priorité de la direction étant de la satisfaire, l'entreprise mène plus que jamais une course à la rentabilisation de ses activités, qui renvoie quasiment au musée son ancien rôle officiel de service public et qui se fait bien évidemment avant tout sur le dos du personnel.

Celui-ci vit depuis des années maintenant, à l'échelle de l'ensemble de France Télécom, dans une ambiance permanente de "restructurations", de fermetures de centres, de mutations imposées, et bien sûr d'intensification du travail. Globalement, France Télécom supprime des emplois dans les services techniques, et cherche à imposer aux salariés de rejoindre les secteurs les plus rentables de son point de vue (filiales, plates-formes d'appels, agences commerciales), qui sont aussi ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et où la plupart ne souhaitent pas aller. Au point que, même quand la direction propose 20 000 F de prime d'incitation pour aller travailler sur la plate-forme OLA de Paris par exemple, elle ne trouve pas de volontaires. Si bien que n'y travaillent que des employés mutés d'office dans le cadre des fameuses restructurations.

La grande majorité des quelque 135 000 salariés est composée encore de fonctionnaires, même si l'embauche de contractuels s'est étendue. Alors, la direction use de la menace, du chantage pour parvenir à ses fins, l'encadrement exerçant une pression permanente pour obtenir la soumission des travailleurs, leur "malléabilité". Ce qui ne se révèle pas toujours facile, car les travailleurs résistent fréquemment à se laisser traiter comme des pions au service d'intérêts privés et en fonction des cours de la Bourse!

La direction a semble-t-il entrepris de renforcer sa pression à la faveur de l'été.

Ainsi, pour ce qui est de la région parisienne, la fermeture du centre de Bagnolet en Seine-Saint-Denis, qui était plus ou moins prévue pour la fin de l'an prochain, a été avancée brusquement au début de 2001, soit dans quelques mois. Sans doute pour bien souligner que c'est elle qui fait la loi, la direction a assorti, à la mi-août, cette annonce de lettres immédiates désignant vingt-cinq agents pour être mutés sans délai.

Poussant le bouchon plus loin, alors que la mobilisation était immédiate parmi les travailleurs alors présents sur le centre, la direction annonçait froidement, le 24 août, une nouvelle fournée de vingt-sept "redéploiements" supplémentaires d'ici à un mois.

Michel Bon (qui, soit dit en passant, s'est illustré dans le passé comme patron de combat à Carrefour et à l'ANPE) entend clairement faire passer sa volonté. Et on ne peut s'empêcher de rapprocher cette attitude offensive des affaires parallèles d'attaques contre des représentants syndicaux qu'elle vient de lancer à la faveur des mois d'été. Ainsi, pour des faits plutôt banals remontant au mois de janvier, des militants SUD et un militant CGT d'Ile-de-France sont convoqués devant des conseils de discipline et menacés de plusieurs mois de mises à pied sans rémunération. Mêmes sanctions pour quatre militants CGT parisiens, incriminés pour un affichage de tracts en dehors des panneaux syndicaux...

La direction de France Télécom cherche, faisant feu de tout bois, à entraver tout esprit de contestation parmi le personnel, à intimider, voire à briser si possible toutes les manifestations de résistance qu'il peut opposer à son mépris et à son arrogance.

Peut-être recherche-t-elle une épreuve de force qui fasse exemple. Nul doute, en tout cas, que la riposte des travailleurs doit être à la hauteur de ce défi, suffisamment forte et déterminée pour bien démontrer que la direction est loin d'avoir partie gagnée. C'est indispensable, tant il est vrai que patrons et directeurs ne savent entendre que le langage de la force.

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