France Télécom (Centre de Bagnolet) : Des tentatives d'intimidation tous azimuts01/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1677.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom (Centre de Bagnolet) : Des tentatives d'intimidation tous azimuts

Le matin du mercredi 30 août, à partir de 9 heures, avait lieu, devant la direction régionale France Télécom à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), un rassemblement de solidarité appelé par les syndicats CGT et SUD, car c'était l'endroit où allait se tenir un conseil de discipline devant lequel passait un militant SUD.

Ce rassemblement s'est conjugué avec la présence de nombreux travailleurs du centre France Télécom tout proche, en grève depuis la veille contre une nouvelle restructuration que prétend leur faire subir la direction. Car, en fait, il s'agit dans les deux situations de réagir face à une nouvelle offensive menée contre l'ensemble du personnel par la direction de l'entreprise.

Le conseil de discipline à Bagnolet ce 30 août, contre un permanent syndical SUD, faisait suite en effet à un autre, tenu le 29 juin contre un autre militant SUD, et en précédait trois autres prévus dans les jours à venir (deux militants SUD et un CGT).

Le premier cas, le 29 juin, a été tranché par 15 jours d'" exclusion " pour Patrick Bidet (c'est-à-dire sans rémunération) contre les trois mois demandés par la direction.

Les quatre autres militants dont les conseils de discipline commencent donc actuellement sont menacés à leur tour de trois mois de mise à pied.

Les faits remontent, en fait, au mois de janvier, se situant dans le cadre d'une mobilisation du milieu des techniciens (qui sont chargés d'assurer la maintenance des équipements) suite à l'annonce de restructurations. Plusieurs réunions téléphonées qui permettent au personnel dispersé sur toute l'Ile-de-France de dialoguer avaient eu lieu. Une journée de grève était décidée pour le 14 janvier en vue d'obtenir des garanties de postes pour ceux dont les emplois étaient supprimés. C'est au cours de cette journée de grève qu'une manifestation devant une boutique de France Télécom fut organisée pour obtenir une audience du directeur Ile-de-France, audience qui fut refusée.

Cette grève ne fut pas suffisante et le mouvement, faute d'extension, finit par s'essouffler. La plupart des techniciens en prirent, malgré eux, leur parti et essayèrent par leurs propres moyens de se retrouver des postes. Et c'est donc six mois après, fin juin, que tout à coup (mais comme par hasard au début de la période d'été), la direction de Paris a décidé de sanctionner en conseil de discipline un des militants de SUD, présent ce jour-là, pour " occupation illégale ", " atteinte à l'image de marque " de France Télécom et préjudice financier. En plus, la direction n'hésitait pas à convoquer aussi, pour des conseils de discipline ultérieurs, les quatre témoins qui avaient, à cette occasion, donné témoignage de leur solidarité avec ce militant pour l'action du 14 janvier.

Face à cette escalade, plusieurs motions et pétitions ont été massivement signées parmi le personnel, des réunions ont été organisées, malgré la difficulté constituée par la période des vacances.

Au-delà des milieux syndicaux et des milieux de techniciens, la conscience de la communauté de leurs intérêts est bien réelle parmi les travailleurs de France Télécom, et le rassemblement de ce 30 août à Bagnolet en a apporté une nouvelle illustration.

C'est d'autant plus nécessaire que, durant la même période, quatre militants de la CGT du centre Voltaire (Paris 11e) ont, de leur côté, été convoqués eux aussi devant un conseil de discipline. Leur crime, cette fois ? Avoir affiché des tracts en dehors des panneaux syndicaux, dénonçant les conditions de la mise en place des 35 heures, avec au passage la mention d'une prime de un million de francs que le PDG viendrait de se faire octroyer... Ce qui a, apparemment, fortement déplu en haut lieu ! Selon un responsable régional CGT, les tracts placardés étant visibles de l'extérieur des locaux, les représentants de la direction auraient jugé que " la divulgation de telles informations nuisait à l'image du PDG de l'entreprise "... Quel aveu !

Mais, du coup, Michel Bon, lui, ayant empoché, ce sont les employés qui ont donné l'information à leurs camarades qui devraient payer : en conseil de discipline, lundi 28 août, France Télécom, cette entreprise dont les bénéfices se comptent en milliards de francs, a demandé trois mois de mise à pied pour deux d'entre eux, et même six mois pour les deux autres ! Plusieurs mois de privation de salaire pour avoir fait connaître une (petite) partie des gros sous entassés par le PDG (entre autres) sur le dos du personnel ! Cela ne doit pas passer.

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