Italie : La fin de l'Unità11/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1674.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : La fin de l'Unità

L'Unità a cessé de paraître. Samedi 29 juillet, l'ancien quotidien de l'ancien Parti Communiste Italien a disparu des kiosques, pour cause de dettes accumulées.

L'Unità avait été lancée en 1924 par le Parti communiste d'Italie qui comprenait alors entre autres comme dirigeants Antonio Gramsci, Amadeo Bordiga et aussi le futur dirigeant stalinien Palmiro Togliatti. Le premier numéro, sorti à Milan le 12 février 1924, portait en sous-titre : " quotidien des ouvriers et des paysans ". Il indiquait que seul le prolétariat pourrait vaincre le fascisme, alors au pouvoir et instrument de la grande bourgeoisie.

L'Unità dut par la suite devenir clandestine. Lorsqu'elle ressortit légalement à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce fut comme l'organe d'un PC italien devenu stalinien et pour qui la lutte contre le fascisme était devenue un prétexte à s'allier avec les partis bourgeois. Après la chute de Mussolini en 1943, le PCI participa aux gouvernements et aida la bourgeoisie italienne à reconstruire son appareil d'état et son économie ébranlés par la guerre, avant d'être rejeté en 1947 dans l'opposition pour de longues années, et pour n'y revenir que sous un autre nom.

Depuis 1991 en effet, le PC italien est devenu le PDS (Parti démocratique de la gauche) abandonnant l'appellation " communiste " pour abandonner même, quelques années après, le mot de " Parti " et devenir simplement " les Démocrates de gauche " (DS - Democratici di Sinistra). Parvenu au gouvernement, puis au poste de président du Conseil en la personne de son principal dirigeant Massimo D'Alema, il s'est fait le promoteur d'une des pires politiques d'austérité antiouvrière, de privatisations, de subventions au patronat, de déréglementation dans tous les domaines aux dépens des conditions de vie et d'emploi des travailleurs.

L'Unità, elle, était un quotidien en principe indépendant, mais dans lequel les DS détenaient encore 25 % des parts et qui reflétait bien sûr leur politique. On comprend que les travailleurs, les militants échaudés par la politique de cet ex-PC devenu un des meilleurs partis de gouvernement du grand capital, se soient détournés de l'Unità en même temps qu'ils se détournaient des DS eux-mêmes.

Les DS, qui ont liquidé il y a quelques années le PC italien, ne veulent pas engager de dépenses pour sauver le journal qui fut son quotidien. L'Unità reparaîtra peut-être... s'il se trouve des capitaux privés pour reprendre le titre. Mais il y a bien longtemps que celui-ci a été vidé de toute substance, communiste ou tout simplement de classe.

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