Hôpitaux : Crise aux urgences, le feuilleton de tous les étés11/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1674.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux : Crise aux urgences, le feuilleton de tous les étés

Urgences surchargées, lits introuvables, comme tous les étés, les hôpitaux croulent sous... le manque d'effectif.

Le manque de personnel dans les hôpitaux à tous les niveaux -médecins, personnels soignants, ouvriers, de ménage...- est connu. C'est toute l'année qu'il faut courir, effectuer des remplacements au pied levé et travailler dans des conditions pénibles, tant pour le personnel que pour les patients. Cette pénurie de personnel avait d'ailleurs en grande partie motivé les mouvements de grève des hôpitaux de l'hiver dernier.

Mais durant la période estivale, la situation est pire encore. D'une part, la charge de travail est souvent plus lourde. L'hôpital doit pallier les absences des médecins de ville ; dans certaines villes touristiques, l'afflux d'estivants nécessiterait d'augmenter sensiblement les effectifs pour faire face à la demande. Mais - et c'est là l'essentiel du problème -, partout en cette période, les hôpitaux tournent avec moitié moins de personnel, faute de remplacer les départs en congés annuels. Du coup, d'une situation de sous-effectif chronique déjà pénible, on passe à une situation de crise, avec engorgement des services, baisse sensible de la qualité des soins, attente de plus en plus longue. Nombre de consultations aux urgences se passent debout dans la salle d'attente. À cela s'ajoute la restructuration hospitalière qui se traduit par la fermeture de lits. À l'hôpital Saint-Antoine, dans le XIIe arrondissement de Paris, un tiers des lits d'hospitalisation ont ainsi été supprimés cet été et des malades souffrant de cancer ou d'autres maladies tout aussi graves se sont vus attendre vingt-quatre, voire quarante-huit heures, sur un brancard, dans les couloirs, qu'on leur trouve un lit. Et cette situation pousse des malades à avoir recours à des services urgentistes privés, plus coûteux, et encourage le développement d'une médecine à deux vitesses.

Le personnel, lui, doit subir les jongleries de l'encadrement pour tenter de faire face. On demande à des personnels de jour d'assurer des gardes de nuit. Ce sont les horaires à rallonge, l'ajournement des jours de repos, au mépris de la vie privée de chacun.

Comme lors de la dernière épidémie de grippe où s'était illustrée la même triste pagaille, les hôpitaux se trouvent totalement démunis face à une situation pourtant hautement prévisible. C'est que, pas plus dans ce domaine que dans le reste de l'économie, la gestion des effectifs ne s'effectue en fonction des besoins de la population, prévoyant un remplacement pour un départ, anticipant les pics d'activité et assurant en temps voulu la formation du personnel nécessaire. Les " schémas directeurs " qui décident, par région et sous l'égide du ministère de la Santé, l'ouverture et la fermeture de lits, la création ou la suppression de postes dans les hôpitaux n'ont pas cette fonction-là mais bien celle de faire des économies sur la santé et de rendre l'hôpital rentable, sur le dos du personnel de santé et des patients, en premier lieu des plus pauvres. Une logique qu'il est urgent d'inverser.

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