Accidents mortels sur les routes... et organisation de la société11/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1674.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Accidents mortels sur les routes... et organisation de la société

Chaque été, des accidents mortels impliquant des autocars se produisent en France. Le 2 août, un autocar hollandais s'écrasait contre une pile de pont, tuant trois passagers. Et lundi 7 août encore, un adolescent anglais de quinze ans était tué dans un accident de car, près de Vierzon.

...té après été, les mêmes drames se déroulent. Ainsi dans les dernières années, en juillet et août, les accidents d'autocars ont fait 26 morts en 1995 ; 3 en 1996 ; 33 en 1997, etc. C'est la plupart du temps la fatigue, l'épuisement des conducteurs qui étaient en cause. Dans le cas des autocars comme dans celui des poids lourds, les conducteurs se voient bien souvent imposer des horaires déments par leurs employeurs ou se les imposent à eux-mêmes lorsqu'ils sont artisans, concurrence oblige.

Ces accidents de cars frappent souvent des enfants se rendant en vacances, ou des immigrés rentrant au pays pour les congés et n'ayant pas les moyens de se payer l'avion ou le train : 12 morts dans un car marocain en 1997, 22 dans un autocar espagnol en 1995. Là encore, la sécurité en voyage est bien souvent une question de classe sociale : même après le récent accident du Concorde, l'avion et le train restent encore, de loin, des moyens de transport plus sûrs que la route.

De quelque côté que l'on regarde, les causes des accidents mortels sur les routes sont bien plus souvent liées à des questions sociales que dues à la fatalité. Les autocars remplacent le train ou l'avion pour les vacanciers désargentés. Les caravanes, dangereuses et souvent responsables d'accidents graves, n'existent que parce que les hôtels sont trop chers pour bien des travailleurs.

Et puis c'est aussi l'organisation (ou plutôt l'inorganisation) de la société tout entière qui fait que chaque année, à la même date, se produisent ces gigantesques exodes de population, pendant lesquels des millions de personnes se massent en même temps sur les routes pour partir en vacances, engendrant embouteillages monstres, pollution, stress et risques multipliés d'accidents.

Dans ce domaine comme dans tant d'autres, la société est néfaste et dangereuse car elle est organisée en fonction des choix économiques de ceux qui la dirigent, et non en fonction des intérêts et des aspirations de la population elle-même.

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