Dunlop (Montluçon) : Non aux 550 licenciements14/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1670.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dunlop (Montluçon) : Non aux 550 licenciements

C'est mardi 4 juillet que la direction de l'entreprise Dunlop a annoncé 400 licenciements sur les 1 200 salariés de l'entreprise. L'atelier " poids lourds " doit être fermé.

Cet atelier de fabrication des pneus poids lourds a été relancé en 1987 et depuis quelques années, la direction du trust Sumintomo, qui a repris l'usine Dunlop en 1984, a reçu des millions de subventions au nom du développement de l'emploi.

L'atelier " poids lourds " est l'atelier le plus moderne de l'usine, avec des machines qui ne peuvent fonctionner qu'à température constante, ce qui fait qu'il n'y a que dans cet atelier qu'il y a l'air conditionné.

La maîtrise ne manquait pas une occasion pour expliquer, et notamment aux jeunes embauchés, qu'ils étaient des ouvriers " d'élite ". Cela allait de pair avec l'intensification du travail, mois après mois, la création du système " SDF " : Samedi Dimanche Férié, c'est-à-dire le travail du week-end avec des amplitudes de travail de 12 heures. C'est sûr qu'en quelques années, si on accumule les subventions reçues et le travail produit dans l'atelier, ils se sont rempli les poches, les actionnaires et les dirigeants de l'entreprise.

Les bénéfices de Dunlop France étaient d'ailleurs estimés à 101,6 millions de francs en septembre 1999 et le bénéfice annuel par action est de 37 %.

Aujourd'hui, la nouvelle direction Goodyear a décidé de tirer un trait sur cet atelier. Exactement de la même façon que Michelin à quelques kilomètres de là, à Clermont, a décidé, lui, 7 500 suppressions d'emplois voici quelques mois. Dans deux villes voisines, les deux grands du pneu s'apprêtent à jeter des centaines de travailleurs à la rue en nous déclarant l'un comme l'autre que le " contexte est particulièrement concurrentiel ". Ils licencient l'un et l'autre avec le même cynisme, le même mépris des travailleurs au nom de la compétitivité et de la rentabilité.

Un détail bien significatif illustre ce mépris : la direction, lors de son annonce des licenciements, a parlé de 400 licenciements, en omettant de comptabiliser les 120 intérimaires qu'elle allait aussi jeter dehors et en oubliant aussi les travailleurs de l'entretien de l'entreprise ONET. A ce propos, un camarade rappelait que lorsqu'un intérimaire avait eu un bras arraché voici quelques années, l'avertisseur lumineux, qui, pour tout ouvrier, signale un accident, n'avait même pas été allumé.

Beaucoup de travailleurs de Dunlop et des entreprises de la ville sont en colère et disent qu'il ne faut pas laisser les mains libres au grand patronat pour licencier à sa guise, ruiner une région en utilisant les hommes comme des marchandises et en les jetant après usage. La première riposte a été un rassemblement organisé à l'appel de la CGT, le samedi 8 juillet devant les portes de l'entreprise pour dire non aux licenciements, un rassemblement qui a regroupé près de 800 personnes.

Et à Dunlop, comme dans de nombreuses entreprises du Montluçon, il y a bien des travailleurs décidés à ne pas laisser passer ce nouveau coup.

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