Tibéri rendu chèvre par Séguin02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Tibéri rendu chèvre par Séguin

Le feuilleton " Mairie de Paris " continue. Comme dans les séries télévisées surchargées de rebondissements, il n'est pas nécessaire d'avoir suivi tous les épisodes pour comprendre le sens de cette saga dont le dénouement est programmé pour 2001, date à laquelle on saura qui, des prétendants au fauteuil de maire, l'aura emporté.

Le RPR a fini par désigner en un rien de temps celui qui portera ses couleurs. Après les renoncements de Balladur et de Françoise de Panafieu, et vu qu'il ne restait que Séguin en lice, le choix n'a pas été trop difficile. Quant aux notables du RPR qui avaient parlé de primaires pour désigner le candidat de la droite à la Mairie, ils ont eu le bon goût de ne pas venir à cette réunion.

Tibéri joue le rôle du maire en place, légitime et outragé. Pour tenter de le calmer, la patronne du RPR agite la menace de son exclusion. On nous annonce déjà quelques nouvelles gaietés avec la future rencontre Tibéri-Séguin. Ce dernier souhaiterait qu'elle se déroule à la Chambre des députés, terrain plus neutre, tandis que Tibéri veut le rencontrer sur ce qui est encore ses terres, l'hôtel de ville.

Mais le plat de résistance, cette semaine, était ailleurs. La justice a parfois des lenteurs : onze ans après, revoilà l'affaire des faux électeurs du IIIe arrondissement qui refait surface. Deux juges viennent de mettre en examen quinze personnes, dont cinq élus de droite, pour avoir organisé un système de fraude électorale entre 1988 et 1995 au moment où d'ailleurs le maire de Paris n'était autre qu'un certain Chirac. En fait, deux filières de recrutement de faux électeurs sont en cause : celle du RPR de la mairie de Paris et la filière UDF dans le IIIe arrondissement.

Dans la filière RPR, du personnel de la mairie recrutait de faux électeurs pour assurer la réélection des maires d'arrondissement de droite mis en difficulté, comme par exemple Dominati dans le IIIe arrondissement. Le faux électeur est un vrai électeur dans une autre circonscription qui reçoit le droit de voter dans une seconde circonscription pour donner le petit coup de pouce permettant de sauvegarder un siège branlant. Parmi les personnes sur la sellette côté RPR, on trouve l'actuel directeur du Crédit municipal, un certain Legris, autrefois commissaire des Renseignements généraux.

Côté UDF, Dominati père et fils (Laurent marche sur les traces de Jacques depuis longtemps) et quelques autres vont se retrouver face au juge pour répondre de l'inscription frauduleuse de quelque 859 électeurs. Laurent Dominati, pour sa part, en a recruté 23 personnellement. Mais d'autres ont fait mieux : 74 pour l'un d'entre eux. Personne ne nie les recrutements illicites mais tout le monde dément le caractère organisé de cette fraude. Mais les listings et des fichiers informatiques, retrouvés par leurs adversaires du PS, et que les fraudeurs avaient bêtement oublié sur le disque dur d'un ordinateur montrent le caractère organisé de l'opération.

S'il est toujours réjouissant de voir des tricheurs sur la sellette, il faut bien constater que la droite parisienne a bénéficié pour le moins d'une certaine indulgence. La justice a largement pris le temps d'examiner les éléments de cette affaire. C'est d'autant plus visible qu'on a pu voir en d'autres occasions, notamment contre des élus du PCF, à Aubagne, à Villejuif ou ailleurs, que juges et policiers pouvaient parfois se mettre beaucoup plus rapidement en mouvement pour diligenter des enquêtes dans des affaires de fraude électorale du même genre.

Il faut croire que non seulement la justice n'est pas aveugle mais elle est également - au moins - à deux vitesses.

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