SNCF : Les cheminots en lutte contre la dégradation des conditions de travail02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Les cheminots en lutte contre la dégradation des conditions de travail

Des mouvements se poursuivent à la SNCF, dans différentes régions comme Marseille, Nantes ou Nevers, certains depuis plus d'une semaine, motivés pour la plupart par les nouveaux roulements proposés par la direction de l'entreprise.

Ces roulements signifieraient, si les cheminots laissaient faire, une importante dégradation des conditions de travail. Gallois, président de la SNCF, avec derrière lui le ministre PCF Jean-Claude Gayssot et le gouvernement, poursuivent une politique d'augmentation de la productivité, de la flexibilité des horaires, de blocage des salaires, accompagnée de peu d'embauches au statut cheminot et de la multiplication des contrats à temps partiel, de contrats précaires et d'emplois-jeunes. Or, sans embauches conséquentes, établir des roulements conciliables avec une vie de famille, par exemple, devient souvent impossible. La situation est encore aggravée par l'application de la loi Aubry sur les 35 heures, sans les embauches qui devraient normalement les accompagner. Pas étonnant que les roulants refusent de faire les frais de cette politique systématique qui se mène contre eux et finalement contre l'ensemble des travailleurs du rail.

Au moment même où démarraient les premiers conflits sur certaines grandes lignes, sur le trafic régional, sur le réseau Paris-Nord, sur le RER D, pour n'en citer que quelques-uns, le lundi 22 mai, s'ouvrait le 38e congrès de la fédération CGT des cheminots. Placé sous le signe d'un syndicalisme de " proposition " et non plus de lutte de classe, ce congrès a largement approuvé la politique menée par la CGT et en particulier, l'accord sur la loi Aubry, signé en commun avec la CFDT, et responsable au même moment de la plupart des conflits en cours. La signature de l'accord a été approuvée par 76 % des participants. Didier Le Reste, le successeur de Bernard Thibault à la tête de la fédération cheminote, a déclaré : " Nous invitons à transformer ensemble les orientations du cadrage national en dispositions concrètes pour les cheminots dans les établissements ". Mais les " dispositions concrètes " en question, dans la plupart des établissements, sont défavorables aux cheminots et vécues comme telles. Quant à " transformer ensemble ", ou simplement à user de l'influence nationale de la CGT pour oeuvrer à coordonner les mouvements en cours, il n'en a été question à aucun moment.

Dans ces conditions, la CGT qui cherche les moyens d'arrêter ce qu'elle appelle " la détérioration de la vie syndicale " risque de continuer à décourager ceux qui lui faisaient et qui lui font confiance. Les résultats des dernières élections professionnelles, à l'issue desquelles elle a perdu autour de 12 % chez les roulants et dans les secteurs sédentaires de l'Equipement, ont été un désaveu de sa politique, mais un désaveu qu'elle ne veut pas entendre. Reste à savoir si l'ensemble des cheminots, les sympathisants de la CGT, voire ses adhérents et ses militants, attendront qu'elle retrouve l'ouïe pour dire " non " aux menées de la direction. En tout cas, à l'occasion de la mise en place de ces nouveaux roulements d'été, ils viennent de montrer qu'il n'en était pas vraiment question.

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