RATP-Bus (région parisienne) : Le " non " des conducteurs à la RTT - entourloupe02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP-Bus (région parisienne) : Le " non " des conducteurs à la RTT - entourloupe

Le 30 mai, la direction de la RATP, avec l'accord de tous les syndicats sauf FO, a soumis à consultation son projet " d'Aménagement et de Réduction du Temps de Travail " pour les conducteurs de bus (machinistes). Le projet de la direction a été rejeté par 59,3 % des agents concernés avec une participation de 69 % (plus importante qu'aux élections professionnelles) ; ceci représente 4 197 votes contre et 2882 pour. L'effectif total des machinistes est de 10 504 agents.

La direction et les syndicats avaient abouti le 2 juillet 1999 à un accord sur " les principes communs de négociation ", texte signé par la CGT bus et ouvriers, la CFDT et les Autonomes, mais rejeté notamment par la CGT métro et encadrement. La CGT bus justifiait sa signature par le fait que cela permettait d'ouvrir les négociations sur la réduction du temps de travail, qu'elle avait réussi à faire entrer dans le texte la référence à la loi Aubry et que la RATP s'engageait à porter les effectifs de l'entreprise à 40 000 agents, soit 1 320 de plus qu'actuellement. Or c'est très insuffisant pour pouvoir réellement baisser le temps de travail, alors que dans de nombreux endroits on souffre déjà d'un manque chronique d'effectif. Au seul réseau bus, la CGT chiffrait à 1 000 le nombre de création d'emplois nécessaires pour fonctionner normalement. Par ailleurs, le texte signé parlait de modération salariale, évoquait le service minimum en cas de grève et découpait les négociations ultérieures par métier.

Depuis la rentrée 1999, donc, des négociations se sont engagées dans chaque métier et notamment aux bus pour celui des machinistes. Et le 5 mai dernier la direction présentait son ultime projet, à soumettre à la consultation des machinistes, en disant que ce serait cela ou rien.

Ce projet proposait 8 repos en plus dans l'année (soit 112), une baisse de 22 minutes de la moyenne journalière de travail en juin et septembre, et d'autres mesures, notamment certaines recouvrant en réalité la modération salariale. Cet accord était présenté comme une étape vers les 121 repos réclamés par les syndicats.

En lisant le projet de la direction, beaucoup de travailleurs avaient noté le flou artistique entretenu sur les mesures dites transversales.

L'opposition très marquée de FO et le revirement des Autonomes, d'abord favorables puis devenus opposés, ont aussi conforté le " non ". Quant à la CGT bus, sa position favorable à l'accord, ne s'est pas franchement fait sentir du fait que bien des militants étaient contre ce projet. En fait seule la CFDT et les Indépendants ont fait une campagne franchement favorable au projet.

En organisant cette consultation du personnel, la direction exerçait en fait un chantage : " mon projet ou rien " et escomptait faire avaliser ses mesures modifiant l'organisation du travail en sa faveur. C'est un échec pour elle et un désaveu de la politique de signature de la CGT bus (premier syndicat aux élections professionnelles). Les machinistes se réjouissent d'avoir infligé un camouflet à la direction : dans 11 dépôts sur 23, le " non " dépasse 70 % et atteint même 88 %.

Bien sûr, la direction va revenir à la charge pour faire passer autrement ses mauvais coups. Pour l'embauche nécessaire et une amélioration de nos conditions de travail, il faudra nous battre.

Partager