Le PDG de TotalFina aux "petits porteurs" : Mange et tais-toi02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le PDG de TotalFina aux "petits porteurs" : Mange et tais-toi

Rude journée que le jeudi 25 mai pour Thierry Desmarest, le PDG de TotalFinaElf. L'assemblée générale des actionnaires du groupe pétrolier a été houleuse. Elle se tenait au Carrousel du Louvre, sous la surveillance des CRS. Car certains des 2 000 participants, militants écologistes ou des droits de l'homme, s'étaient procuré quelques actions pour avoir le droit de participer à l'assemblée, afin de contester la politique du PDG.

Ils ont ainsi pu dénoncer la responsabilité du groupe dans la pollution des côtes bretonnes et vendéennes par le pétrolier Erika. Desmarest a rejeté les accusations, en invoquant les efforts déployés, paraît-il, par Total contre la marée noire, et en annonçant que le groupe provisionnerait 850 millions pour couvrir ces dépenses. Mais on peut s'interroger, vu l'attitude fuyante de Desmarest tout au long de cette affaire, pour savoir s'il s'agit d'argent réellement consacré au nettoyage des côtes, ou seulement d'argent mis de côté pour le cas où il faudrait payer, une fois épuisés toutes les procédures et tous les recours.

Autre sujet abordé par les contestataires : l'activité du groupe en Birmanie, qui a conforté la dictature de la junte militaire au pouvoir. Desmarest a confirmé qu'il n'avait pas l'intention de quitter ce pays, mais, bonne âme, qu'il associerait certaines ONG à des actions en faveur de la population birmane. C'est trop gentil !

Soutenir des dictatures, polluer côtes et océans, cela fait partie de la " culture d'entreprise " aussi bien de Total que d'Elf. C'est de cette façon que les groupes pétroliers font leurs bénéfices.

Or sur ce point Desmarest a fait l'unanimité des actionnaires. Le bénéfice de 1999 a atteint 23 milliards de francs (chiffre à mettre en rapport avec celui que TotalFina compte consacrer à la dépollution). Durant le seul premier trimestre de cette année, le groupe a réalisé 11 milliards de profits. Et le PDG triomphant a annoncé un doublement des profits d'ici 2003. Cela ira de pair avec la perte de plus de 1 100 emplois dans la branche pétrole, mais il assure que cela se fera au volontariat et sans licenciements secs.

Tondre les coupons ou lutter contre le chômage, les pollutions et les dictatures, il faut choisir. Et Desmarest n'hésite pas.

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