France télécom fait valser les milliards02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

France télécom fait valser les milliards

France Télécom vient de faire savoir qu'elle rachetait l'opérateur de téléphonie anglais Orange pour une somme qui avoisinerait 330 milliards de francs. Cette opération financière représente à elle seule le quart du budget annuel de la France.

Pour mesurer la richesse cachée que cette transaction révèle, il faut relever que, pour payer au groupe Vodaphone cette acquisition, France Télécom s'est engagée à dégager 263 milliards de francs de liquidités. En effet France Télécom devra verser en liquide 197 milliards de francs et en plus reprendre quelque 66 milliards de francs de dettes d'Orange. Seuls les 66 milliards restants se feront par l'attribution d'actions à Vodaphone qui deviendra actionnaire à hauteur de 10 % de France Télécom.

Ce pseudo-investissement n'est en réalité qu'une opération financière, une spéculation sur l'avenir, qui ne crée aucune richesse si ce n'est pour les patrons de Vodaphone qui, eux, vont toucher des centaines de milliards sonnants et trébuchants. Orange a l'énorme avantage d'avoir cinq millions d'abonnés dans le téléphone mobile et d'avoir acquis une licence pour les mobiles dits de troisième génération en Grande-Bretagne, ceux dont l'avantage serait de pouvoir recevoir Internet et... la télévision (?) sur le téléphone. Personne ne peut dire aujourd'hui si cela a un quelconque intérêt ne serait-ce qu'au niveau commercial. Même les banques manifestent leur scepticisme, c'est dire !

Il n'empêche que France Télécom va sortir une partie de ses réserves cachées, 63 milliards de francs, et recherche un emprunt de 200 milliards de francs. Mais cet argent ne sort pas de nulle part, il est le fruit de l'exploitation de dizaines de milliers de salariés de France Télécom, et du détroussage des millions d'usagers de cette compagnie, toujours contrôlée par l'Etat, qui est censée avoir une mission de service public.

D'ailleurs si demain ce pari financier devenait un fiasco, c'est aux salariés et aux usagers que France Télécom et l'Etat présenteraient la facture, comme pour le Crédit Lyonnais. Mais il ne s'agit ici que d'un bout de l'iceberg qui laisse apparaître l'immensité de la fortune dont disposent aujourd'hui les grandes entreprises. En effet les dirigeants ont annoncé qu'ils étaient sur les rangs pour des opérations du même type en Allemagne et ailleurs.

Et c'est pour cette activité stérile que tous les dirigeants d'entreprises, Bon pour France Télécom, Schweitzer pour Renault, Michelin pour... Michelin et tous les autres, ont le cynisme de venir prêcher la rigueur et les sacrifices pour les travailleurs.

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