Sollac (Montataire - Oise) : Débrayages sur les salaires26/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1663.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sollac (Montataire - Oise) : Débrayages sur les salaires

A la Sollac-Montataire, durant la semaine du 15 au 21 mai, nous avons été plusieurs centaines à arrêter le travail pendant deux heures chaque jour en fin de poste.

Cela faisait des années qu'il n'y avait pas eu un tel mouvement de contestation rassemblant l'ensemble du personnel des ateliers, des bureaux, les ingénieurs et techniciens, sur ce site où travaillent 1 400 employés dont 750 à la production.

Depuis plus d'un mois et demi, les négociations sur les augmentations générales des salaires et des primes pour l'année 2000 étaient engagées au niveau de la branche Sollac, filiale à 100 % du groupe USINOR. Mais la direction se complaisait à répéter qu'il n'était pas question d'augmenter les salaires. Elle se disait seulement prête à accorder une augmentation individuelle de 1,5 % au maximum, suivant les performances et les compétences de chacun. Par ailleurs, elle proposait aussi deux primes de 500 F versées en deux fois courant 2000, et là encore sous condition des résultats de rendement des sites. Autant dire que pour tout le monde, on était très loin du compte. Pour la quatrième année consécutive, on ne nous proposait pratiquement rien. Nous étions tout de même nombreux à penser qu'on ne pouvait pas laisser faire et qu'il fallait réagir. Il faut dire que les profits du groupe sont en hausse, ainsi que le travail qu'on nous demande de faire. Le tonnage de tôles produit ces deux dernières années a augmenté ainsi d'environ 20 %.

Au départ, pour la direction, il n'était pas question de céder quoi que ce soit. Les premiers comptes rendus des discussions sur les salaires, faits par les syndicats, le montraient clairement : les patrons se sentaient tout permis.

C'est le lundi 15 mai que le mouvement a démarré à Montataire. Dans la matinée, sur les lignes, les ouvriers ont ralenti le travail, puis l'équipe de nuit décida de stopper la production deux heures en fin de poste. Le mouvement se propagea ensuite à toutes les autres équipes. 60 % du personnel de production fit ainsi grève chaque jour. Il y eut un rassemblement de 250 personnes le jeudi 18 mai, sous les fenêtres de la direction. Fait nouveau : un nombre non négligeable d'ingénieurs et de techniciens participèrent à ce débrayage. Dans le même temps, on apprenait que sur les autres sites Sollac, là aussi la contestation se développait.

Finalement, vendredi 19 mai, la direction annonçait qu'elle donnerait environ 1,3 % d'augmentation de salaire sur l'année, ainsi que deux primes d'intéressement, l'une de 1 000 F versée en mai et l'autre versée après la période des vacances. Pour le moment, le mouvement est suspendu. On est bien sûr très loin du compte, mais ce premier coup de semonce a au moins eu le mérite de montrer que nous pouvions réagir ensemble et faire reculer quelque peu la direction.

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