Le dîner de cons d'Eurotunnel26/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1663.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le dîner de cons d'Eurotunnel

Le 18 mai, la télévision nous a montré les images d'un vrai "dîner de cons". C'est le nom que les protagonistes avaient tenu à donner à leur manifestation, une façon médiatique pour les petits porteurs d'Eurotunnel de rappeler qu'ils se sont fait plumer. Ce soir-là, la médaille de reine fut décernée à une femme qui avait acheté près de 10 000 actions Eurotunnel pour un total de plus de 1,2 million de francs. Elles ne valent plus aujourd'hui que 70 000 F. C'est dire à quel point le miroir aux alouettes s'est transformé en une spectaculaire déconfiture.

En revanche, quand les dirigeants d'Eurotunnel se réunissent autour d'une table, celle du conseil d'administration, ils ont moins de raisons de se plaindre, assurés qu'ils sont de toucher 300 000 francs de jetons de présence par an qu'ils se sont auto-octroyés.

Dans ce conseil d'administration siègent les représentants de grandes banques et autres établissements financiers tels que le Crédit Lyonnais, la Société de banque suisse, le fonds qui sert aux spéculations du milliardaire George Soros ainsi que celui de la banque Indosuez, etc. Or, selon les conclusions d'un rapport d'expertise, les représentants du monde de la finance ont réalisé une opération fort lucrative, en revendant les actions Eurotunnel qu'ils détenaient. En effet, ils savaient qu'ils pourraient les racheter pour beaucoup moins cher un peu plus tard, à l'occasion d'une nouvelle émission d'actions. La connaissance de ce rapport, montrant que la spéculation de quelques financiers était à l'origine de leur mésaventure, a alimenté et renforcé la colère des petits et moyens porteurs, de tous ceux qui n'ont pas voix au chapitre et qui ne font pas partie du cercle restreint des initiés.

Ainsi, une poignée de mastodontes de la finance a les moyens de gruger ceux qu'on appelle des " petits porteurs ", et dont certains ont un patrimoine qui est, notons-le, sans commune mesure avec celui des salariés, même ceux disposant de quelques économies.

La Bourse est effectivement un vaste casino. Mais pour être à coup sûr ou presque gagnant, il faut avoir une bonne martingale, c'est-à-dire disposer d'un matelas financier conséquent et des relations qui ne le sont pas moins.

Et ils voudraient en plus, avec les fonds de pension, qu'on laisse ces anarqueurs de haut vol (c'est le cas de le dire) jouer avec nos retraites !

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