SNCF - Orléans Les Aubrais : Deux jours de grève pour augmenter les effectifs et titulariser les emplois-jeunes19/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1662.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Orléans Les Aubrais : Deux jours de grève pour augmenter les effectifs et titulariser les emplois-jeunes

Les jeudi 11 et vendredi 12 mai derniers, la majorité des cheminots des gares d'Orléans Les Aubrais et Blois étaient en grève pour exiger l'embauche de 25 cheminots et la titularisation des douze emplois-jeunes de l'établissement.

Depuis plusieurs mois, le mécontentement ne faisait que croître parmi les 430 cheminots de l'établissement. Il faut dire que depuis notre coup de colère d'avril 1998, l'occupation du poste d'aiguillage principal de la gare et le blocage de tous les trains, où la direction avait cédé une vingtaine d'embauches, la situation, après un léger mieux, continuait de se dégrader, la SNCF profitant des départs en retraite pour supprimer des agents alors que les trafics sont en hausse.

Il ne se passait pas de semaine sans que plusieurs postes soient à découvert, sans que les maîtrises et cadres remplacent des postes d'exécution, sans que de nombreux congés soient refusés, sans qu'on demande à des camarades de venir travailler sur leurs repos ou leurs congés. Un seul chiffre suffit à résumer cette politique de compression d'effectifs. Fin 1999, il restait plus de 3 800 jours de congés, repos, fêtes à donner, soit l'équivalent de 15 jours par agent ou l'équivalent de 25 emplois à temps plein ! La direction avait profité des 35 heures pour supprimer des postes, en particulier au triage, et les rares améliorations concédées aux cheminots en roulement aggravaient considérablement les conditions de travail des cheminots de remplacement (dits de "réserve"), et le niveau des effectifs empêchait tout le monde de disposer de ses congés ou repos.

Il faut ajouter à cela l'exaspération croissante des emplois-jeunes qui voyaient la SNCF se vanter par affiches publicitaires de recruter 25 000 cheminots en trois ans (tout en omettant de préciser qu'il y aura 19 500 départs en retraite dans le même temps !) mais se refusait à mettre fin à leur précarité.

A l'appel de tous les syndicats, nous avons décidé d'aller à Tours exiger notre dû auprès du directeur régional lors de la réunion du CE du 11 mai.

Nous étions plus de 80 cheminots des trois gares à envahir le CE et à dire nos quatre vérités au directeur, visiblement très mal à l'aise devant des cheminots en colère, réclamant à tour de rôle des embauches et la titularisation de tous les emplois-jeunes. Une camarade " emploi-jeune " a résumé la situation, expliquant qu'ils étaient dans des postes sans avenir, qu'ils voyaient leurs collègues crouler sous le boulot, que la SNCF leur refusait certains postes alors qu'avec un minimum de formation ils pourraient effectuer des tâches plus utiles.

Après avoir obtenu l'ouverture de négociations dans l'après-midi sur la titularisation des emplois-jeunes, nous sommes revenus à Orléans tenir une assemblée générale. Au passage, en gare de Blois, nous nous sommes aperçus que la direction avait mobilisé bien des cadres pour donner le départ des trains, mais sans que ceux-ci aient le souci de porter l'uniforme réglementaire ou même la casquette. Le train qui ramenait les grévistes a donc eu un stationnement prolongé à Blois, le temps que nous obtenions de ces messieurs, si prompts d'habitude à nous faire des reproches sur le règlement, qu'ils le respectent d'abord eux-mêmes !

Le soir, à l'assemblée générale, nous apprenions que la direction acceptait de titulariser quatre emplois-jeunes, en plus d'un camarade ex-emploi-ville qui comptait plus de trente mois de présence. Ça ne faisait pas le compte.

Dès six heures du matin le vendredi 12 mai, plus d'une cinquantaine de grévistes étaient présents dans les halls des trois gares pour diffuser un tract aux usagers résumant les motifs de notre grève et expliquant leurs conséquences sur la qualité, la régularité et la sécurité de leurs voyages. Ce tract était très bien pris et notre mouvement était d'autant mieux accueilli que les trains circulaient grâce au travail des cadres mobilisés par la direction contre notre grève mais que les usagers avaient beaucoup de mal à trouver un guichet ouvert pour acheter leur billet, beaucoup " se résignant " à prendre leur train sans billet !

A midi, le directeur régional reculait en annonçant dix embauches par anticipation sur le deuxième semestre 2000 et cinq mutations avant fin mai et une en juin. Avec le remplacement du premier emploi-jeune titularisé, cela fera seize emplois supplémentaires au moins pour quelques mois et cinq emplois-jeunes sur douze assurés de rester dans l'entreprise.

A l'assemblée générale du soir, l'immense majorité des grévistes était satisfaite d'avoir fait reculer la direction sur ces embauches, même si les vingt-cinq embauches et la titularisation des douze emplois-jeunes sont loin d'être atteintes.

L'assemblée générale s'est séparée en votant la reprise du travail ; nous étions bien conscients d'avoir su imposer des reculs à la direction et prêts à remettre ça, car tous les problèmes sont loin d'être réglés. Dans l'AG, plusieurs camarades sont intervenus pour dire que ce que nous avions fait au niveau d'une grève locale serait bien plus efficace si tous les travailleurs qui souffrent du manque d'effectifs, de l'aggravation des conditions de travail due à l'augmentation de la productivité et de la précarité, du blocage des salaires, avaient la possibilité de l'exprimer tous ensemble dans des luttes unies et générales, qu'ils soient du public ou du privé.

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