On parle beaucoup ces temps-ci des stock-options qui permettent aux grands patrons d'amasser une fortune considérable. Mais une brochette de grands patrons utilisent un autre système qui permet à coup sûr de gagner au jackpot capitaliste. Celui des jetons de présence, réservé au club très fermé des membres des conseils d'administration. La rémunération est moins spectaculaire, mais comme cela ne demande aucun travail, les grands patrons se ruent dessus. D'après le journal financier Les Echos, en moyenne, un conseil d'administration se réunit 6 fois par an et la durée de chaque séance est de 3 heures.Ce qui fait 18 heures par an. Comme paraît-il certains conseils d'administration particulièrement vicelards demandent à leurs administrateurs de potasser, quelques heures avant, quelques dossiers, il faut ajouter quelques heures de labeur annuelles. Rémunération moyenne : 139 000 F par an. Mais dans les sociétés plus généreuses, comme l'Oréal, Carrefour, cela dépasse les 250 000 F. Un fauteuil d'administrateur, c'est donc l'équivalent d'un salaire contre 35 heures... non pas à la semaine mais à l'année.

Et encore, on ne compte pas le temps de travail effectif. " Vous êtes sûr que je suis encore membre de ce conseil ? Dans ce cas, envoyez-moi le procès verbal, je le signerai " : le journal Les Echos présente cette situation comme étant courante chez les cumulards de jetons de présence. Voilà en tout cas un système à généraliser pour tous les salariés. " Vous êtes sûr que je devais aller au boulot hier ? Envoyer-moi la liste de présence, je la signerai "...

D'autres conseils d'administration se prolongent encore moins. Ainsi Bernard Arnault, président de LVMH, convoque ses conseils peu de temps avant midi. " Si bien, concède un des administrateurs, que vers 13 heures, l'appétit commence à tirailler une bonne moitié des administrateurs et l'ordre du jour est liquidé sans bavardages intempestifs ". Preuve que ces patrons, qui sont pour la flexibilité pour les salariés, n'ont guère de flexibilité stomacale.

On comprend qu'à ce titre, on peut sans problèmes cumuler les postes d'administrateurs et du coup les " jetons de présence ". D'après le Guide 2000 des états-majors, 30 personnalités détiennent 170 mandats d'administrateurs.Cette brochette de capitalistes constitue le super conseil d'administration de la bourgeoisie française. Ils se retrouvent les uns chez les autres, discutent entre eux, mangent entre eux et décident de licencier entre eux. Pour ces gens-là, évidemment, la concurrence, le secret des affaires n'existent pas. Le journal Les Echos les nomme " les parrains du Cac 40 ". Parmi eux : Seillière (7 conseils d'administration), Peyrelevade (8), Pébereau (7), Messier (8), Gandois (7). Le baron Seillière à ce cumul gagne, par exemple, plus de un million de francs par an. Ce qui ne l'empêche pas de prêcher au nom de ses pairs la suppression des allocations d'emploi à ceux qui oseraient refuser un emploi.