Départements d'outre-mer : Les RMIstes attendront trois ans, mais les patrons sont servis de suite19/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1662.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Départements d'outre-mer : Les RMIstes attendront trois ans, mais les patrons sont servis de suite

L'Assemblée nationale a examiné en première lecture le projet de loi du gouvernement concernant les départements d'outre-mer, c'est-à-dire la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion.

Parmi diverses dispositions, le projet contient toute une série de mesures économiques censées permettre la relance des DOM, ainsi que l'alignement sur la métropole d'un certain nombre de prestations. Jospin a même parlé d'un " effort sans précédent " pour les DOM où la situation de l'emploi est catastrophique, avec notamment un taux de chômage qui oscille de 27 % en Guyane à 40 % à la Réunion. Et encore, il ne s'agit là que de chiffres officiels, aussi truqués qu'en Métropole.

C'est donc sans surprise que le gouvernement a proposé, ici comme ailleurs, les mêmes recettes. L'essentiel des dispositions se ramenant à une série d'exonérations de charges sociales et fiscales au profit des patrons domiens.

La principale des mesures concerne les patrons des entreprises de moins de 11 salariés qui sont dorénavant exonérées à 100 % de leurs cotisations sociales pour les salaires inférieurs à 1,3 fois le SMIC. Ce cadeau s'élèverait à 3,5 milliards de francs par an pour la seule Réunion.

Comme à chaque fois que la manne gouvernementale déverse généreusement ses subventions dans les poches des patrons, c'est l'emploi qui sert de justification. Mais si cette politique avait un quelconque effet sur l'emploi, cela se saurait.

D'ailleurs Queyranne, le ministre des DOM-TOM, ne se fait aucune illusion, se contentant d'espérer que son dispositif crée des emplois. Mais il se garde bien d'exiger du patronat qu'en échange des subventions des emplois soient véritablement créés. Interpellé par un député guadeloupéen sur cette question, Queyranne a juste déclaré qu'il fallait " réfléchir à ce problème... "

Par contre, concernant le volet social, le gouvernement a bien réfléchi et se montre tout sauf pressé, en particulier sur l'alignement du RMI des DOM sur celui de la Métropole. La Réunion, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane ont beau être des départements, il n'empêche que les Rmistes y perçoivent un revenu bien moindre. Ainsi, un Rmiste réunionnais touche 20 % de moins qu'un Rmiste métropolitain. Et le problème est d'autant plus sensible qu'en raison du chômage massif, un nombre sans cesse croissant de travailleurs sont Rmistes : plus d'un Réunionnais sur cinq par exemple (chiffre de décembre 1998).

Le seul geste qu'a bien voulu faire le gouvernement a été de promettre un rattrapage dans trois ans, au lieu de cinq prévus initialement... Des promesses, il n'en est pas chiche ! En somme, la population pauvre peut attendre, on sert en premier le patronat.

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