Catastrophe aux Pays-Bas : L'argent des entreprises est sacré19/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1662.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Catastrophe aux Pays-Bas : L'argent des entreprises est sacré

L'explosion d'un entrepôt de l'entreprise Fireworks le samedi 13 mai a ravagé tout un quartier populaire de la ville d'Enschede aux Pays- Bas, faisant vingt morts et des centaines de blessés. L'explosion des quelques centaines de tonnes de feux d'artifice stockées a détruit des dizaines de maisons, laissant au quartier l'aspect d'un quartier bombardé.

Mais ces morts et ces destructions massives sont avant tout le résultat des choix faits en connaissance de cause par les patrons de l'entreprise, mais aussi par des promoteurs immobiliers et par les autorités politiques qui ne pouvaient ignorer les risques encourus, et qui n'ont de toute façon pas pris la peine de s'en inquiéter.

Car, au-delà des circonstances du déclenchement de cette catastrophe, qui n'excluent pas que les patrons de cette entreprise pourraient avoir des responsabilités liées à l'absence des mesures de préventions nécessaires lorsqu'il est question de produits extrêmement dangereux (comparables à des bombes), une question essentielle reste sans réponse. Pourquoi une telle entreprise (une entreprise du même type vient d'exploser en Espagne) était-elle située au coeur d'un quartier d'habitation populaire ?

Les dirigeants de l'entreprise ont tenté de se défendre en déclarant que celle-ci se trouvait déjà là avant l'extension de la ville. Mais ces habitations ne se sont pas construites en un jour. Pourquoi n'a-t-on pas déplacé l'usine à l'écart de toute habitation ? La réponse est toujours la même : pour des raisons de gros sous, parce que cela aurait entraîné des dépenses qu'on ne trouvait pas prioritaires. Tout comme les autorités gouvernementales n'ont pas eu la volonté, si elles n'étaient pas complices, d'imposer une décision ayant pour but de protéger la vie des gens. On a appris que c'est l'armée qui faisait, avec d'autres, les visites de sécurité et qui avait déclaré que tout allait bien. Le général et les représentants du gouvernement qui donnaient leur quitus n'habitaient certainement pas le quartier, pas plus que les officiers n'habitent en général au-dessus des dépôts de munitions.

Tous ceux qui de près ou de loin avaient connaissance de ce risque majeur sont, de fait, au moins complices de ces morts et de ces destructions. Ils ont fait le calcul de probabilité, et parié que le risque n'était que potentiel. Sauf qu'ils ont perdu ce pari. Et à ce " jeu " certains ont tout perdu, y compris parfois la vie.

A Bopal en Inde, l'Union Carbide avait en toute connaissance de cause pris le risque de tuer des centaines de personnes en installant une usine fabriquant des produits mortellement dangereux. Cette fois, c'est aux Pays-Bas que s'étale l'irresponsabilité d'un système où c'est la loi du fric qui commande.

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