Sécurité routière : La conduite dangereuse... du capitalisme12/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1661.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité routière : La conduite dangereuse... du capitalisme

Les week-ends de Pâques et du Premier mai ont donné lieu à une véritable hécatombe sur les routes, avec 188 morts, qui a incité le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot à mettre en place pour le week-end suivant, celui du 8 mai, un dispositif de répression renforcé, misant sur le fait que la peur du gendarme ferait baisser quelque peu ces sinistres statistiques.

Force est de constater que les mesures de contrôle et les sanctions ne sont guère opérantes. L'arsenal juridique contre les chauffards ne cesse de s'alourdir, et reste sans effet sur le tragique bilan des victimes. On montre du doigt le comportement irresponsable de certains conducteurs. Et il est vrai que les excès de vitesse ou la consommation d'alcool sont des causes non négligeables d'accidents. Mais si les comportements individuels peuvent avoir de telles conséquences, c'est bien parce que rien de sérieux n'est fait pour faire face, en amont, à l'échelle de la société, aux problèmes que posent les déplacements sans cesse plus nombreux, plus fréquents, plus longs de la population.

Aujourd'hui, même sur d'assez longues distances, pour lesquelles existent d'autres moyens de transports, on utilise la voiture. Ce n'est pourtant pas le moyen le plus sûr ni le plus rapide ni le plus efficace. Il n'y a qu'à voir les centaines de véhicules qui roulent en se frôlant lors des départs en vacances pour se rendre compte des probabilités statistiques de l'accident, même lorsque l'on respecte les limitations de vitesse. Et cela pas seulement à cause des comportements individualistes, irresponsables de certains d'entre eux, mais tout simplement par suite de la fatigue, de l'inattention ou de l'incompétence inévitables sur un si grand nombre.

Rien de tout cela n'est géré de façon sérieuse et responsable par ceux qui prétendent diriger la société, qu'il s'agisse du gouvernement actuel ou des précédents. Si depuis longtemps l'automobile est devenue le moyen de transport dominant, c'est parce que les trusts qui en fabriquaient ou qui fabriquaient les équipements annexes (Michelin, les entreprises du BTP, les pétroliers) y défendaient leurs intérêts, et qu'ils représentent de puissants lobbies. Il fallait à tout prix vendre une, voire deux voitures à chaque famille. Et une fois qu'on a une voiture, autant s'en servir, d'autant plus qu'en matière de transports collectifs, rien n'est mis en place qui soit à la fois commode et bon marché. Cela se traduit par une accumulation de problèmes, de l'engorgement des villes à la pollution ou aux accidents de la route. Et les gouvernements successifs se bornent à agir à la marge, taxant ici, réprimant là, mais laissant la situation en l'état.

Techniquement, bien des solutions seraient pourtant possibles. On pourrait combiner les modes de transport, allier la vitesse et la sécurité du train ou de l'avion, la souplesse de la voiture et la commodité en ville des transports en communs. Bien des morts en seraient épargnés sur les routes. Les villes, moins polluées et encombrées, deviendraient vivables. Mais pour mettre en place ces solutions, encore faudrait-il s'en prendre aux féodalités industrielles et financières qui dictent leurs lois, et devant lesquelles tous les gouvernements s'inclinent.

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