Quand Jospin régule...12/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1661.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Quand Jospin régule...

Coïncidence, ou provocation de la part de l'état-major de Michelin, les députés ont, péniblement, adopté la loi concernant " les nouvelles régulations économiques ", alors qu'au même moment le fabricant de pneumatiques confirmait sa décision de supprimer des emplois annoncée en septembre.

Ainsi donc, la voilà, cette fameuse régulation dont parlait Jospin. Ce texte accueilli avec réticence par les composantes de la gauche plurielle, le PCF et les Verts s'abstenant de le voter (et pourtant ils se montrent d'ordinaire peu regardants et plutôt prompts à découvrir dans les mesures gouvernementales des " avancées "), prétend intervenir dans trois domaines, celui des transactions financières, de l'entreprise et de la concurrence.

Au nom de la transparence, le comité d'entreprise d'une société faisant l'objet d'une OPA (offre publique d'achat) ou d'une OPE (offre publique d'échange) pourra demander à entendre le patron de l'entreprise acheteuse, qui devra aussi indiquer à la Commission des opérations de Bourse " ses orientations en matière d'emploi ". En d'autres termes les patrons auront le choix entre avouer avec cynisme ce qu'ils préparent ou mentir comme des arracheurs de dents pour, de toute façon, procéder sans entrave à ces rachats-fusions, comme celles qui se sont multipliées ces derniers temps, suivies bien souvent par des coupes claires dans les effectifs.

Il est aussi prévu que soient déclarées, au service de renseignement chargé de lutter contre le blanchiment de l'argent, les opérations financières réalisées dans les paradis fiscaux " jugés non coopératifs ". C'est dire que les clefs de ces paradis resteront à la disposition des honorables affairistes qui sont aux commandes des grosses sociétés.

Côté entreprises, le projet de loi fait les gros yeux à la petite poignée de collectionneurs de jetons de présence. Les traitements substantiels qu'ils récoltent, du simple fait de s'asseoir dans un des multiples conseils d'administration auxquels ils appartiennent, ne leur sont nullement contestés. Mais dorénavant, ils ne seront plus que dix-huit au maximum, au lieu de vingt-quatre, à pouvoir y siéger ; et chacun ne pourra cumuler que cinq mandats d'administrateur au lieu de huit. Les pauvres !

Enfin, le gouvernement a recours à la traditionnelle recette de la création d'une commission, soi-disant pour brider la toute-puissance des grandes surfaces.

Bref, ce projet de loi ne contient absolument rien qui permette d'intervenir, ou même simplement de réguler l'action des trusts. Jospin avait parlé de réguler. Il fallait entendre reculer... devant la volonté des capitalistes. Mais qui pouvait réellement croire qu'il puisse en être autrement ?

Partager