En Europe comme en France, c'est l'action collective des travailleurs qui arrêtera l'offensive patronale !12/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1661.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

En Europe comme en France, c'est l'action collective des travailleurs qui arrêtera l'offensive patronale !

Les dirigeants des quinze pays de l'Union européenne se relayant tous les six mois pour en assurer la présidence, dans quelques semaines ce sera le tour de la France. On reparle à l'occasion d'Europe sociale.

Mais cette Europe sociale, dont on brandit périodiquement la promesse, est une vaste fumisterie. L'Union européenne, dont font partie des pays pourtant parmi les plus riches de la planète, compte près de 20 millions de chômeurs et 50 ou 60 millions de pauvres.

S'il y a bien des différences entre les pays qui la composent, allant des pays pauvres comme le Portugal ou la Grèce aux trois puissances impérialistes, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne qui dominent l'Union européenne, l'évolution va partout dans le sens de la généralisation de la précarité, de la diminution des protections sociales, de l'affaiblissement ou de la privatisation des services publics.

Et lorsque l'Union européenne se met à homogénéiser les législations sociales, ce n'est pas dans le sens d'un alignement par le haut en faveur des classes laborieuses, mais plutôt dans le sens d'un alignement par le bas. On ose présenter, par exemple, l'autorisation du travail de nuit pour les femmes à l'échelle de l'Europe comme un progrès du point de vue de l'égalité des femmes et des hommes. Comme si, même de ce point de vue, le progrès n'était pas d'interdire le travail de nuit pour tous, partout où il ne correspond pas à une nécessité sociale mais à la volonté des patrons de faire suer plus de profit à leurs travailleurs !

Et il est d'autant moins question d'un salaire minimum européen aligné sur celui du pays où il est le plus élevé que la généralisation du travail à temps partiel imposé et de la précarité fait que, même dans un pays comme la France, de plus en plus de travailleurs sont payés en dessous du SMIC.

L'Europe n'est qu'une coalition d'Etats, et ces Etats ne sont pas plus du côté des travailleurs lorsqu'ils se mettent ensemble que lorsqu'ils sont en concurrence. Partout, ils sont au service des groupes industriels et financiers. Partout, ils utilisent une part croissante du budget à aider le patronat à réaliser des profits élevés en prélevant cet argent sur les services publics utiles à la population.

Et comment donc les institutions européennes pourraient-elles mettre fin au chômage lorsqu'elles acceptent ou encouragent ces gigantesques fusions d'entreprises qui se traduisent par des suppressions d'emplois ? Mais les institutions européennes ne sont ni pires ni meilleures que le gouvernement français qui, par la voix de Jospin, avouait son impuissance lorsque Michelin, ce trust immensément riche, annonçait, en même temps qu'une augmentation importante de ses bénéfices, la suppression de 7 500 emplois à l'échelle de l'Europe !

Le principal sinon unique but des institutions européennes consiste à faciliter la circulation des capitaux et des marchandises et à donner une base plus solide aux grands trusts européens dans leur concurrence avec les trusts américains ou japonais. Avec plus ou moins de succès, d'ailleurs, comme le montre la dégringolade de l'euro, cette monnaie européenne qui n'existe même pas encore complètement mais subit déjà la pression de la spéculation et perd de la valeur face au dollar.

La principale conséquence positive pour nous, les travailleurs, d'une construction européenne entièrement conçue en fonction des intérêts du grand patronat, est de montrer que, d'un bout à l'autre de l'Union européenne, nous subissons la même exploitation et la même offensive patronale. Nous avons, partout, le même intérêt à y opposer la contre-offensive générale de tous les travailleurs, visant à contraindre les gouvernements à prélever sur les profits du grand patronat de quoi créer le nombre d'emplois nécessaire et à arrêter la dégradation des conditions d'existence des travailleurs. Ce ne sont pas Jospin et Chirac qui mettront fin aux " carences de l'Europe sociale ", mais la force collective des travailleurs.

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