Voir : Révélations, de Mickael Mann28/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1659.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Voir : Révélations, de Mickael Mann

L'immense mérite de ce film est de raconter une histoire vraie et toujours d'actualité : comment la richesse considérable des industriels du tabac aux USA leur permet de bénéficier d'appuis considérables dans l'État et les institutions judiciaires; comment ils peuvent dicter leur loi à presque tous, y compris aux médias, télévisions et journaux, de la "libre" Amérique.

L'histoire est une histoire typiquement américaine, car elle résulte de l'échelle des valeurs propre à cette société et des voies juridiques qui permettent de contester les nuisances imposées par ces monstres industriels et financiers que sont Philip Morris, Marlboro et autres. Pour permettre de faire condamner les compagnies de tabac, un ex-dirigeant d'une d'entre elles va rompre avec son milieu et s'efforcer d'apporter la preuve à un journaliste et à la justice que lesdites compagnies, contrairement à tout ce qu'elles disaient, ont tout fait pour renforcer la dépendance au tabac des consommateurs. Ces dernières feront tout pour le faire taire et censurer ces révélations. En vain malgré tout, au bout du compte et malgré tous leurs efforts.

Cela se passe dans un contexte où des particuliers et même des États de la fédération, le Missouri dans le film, ont multiplié les procédures pour rendre les compagnies de tabac responsables des ravages sanitaires, en particulier le cancer des poumons, qu'a entraînés l'usage du tabac. L'indépendance de la justice comme la liberté de la presse en prennent un coup. La loi, la vraie, semble bien être d'abord la loi du fric.

Alors on peut trouver superflus tous les méandres des malheurs familiaux de ce cadre dirigeant, mais l'ambiance de ces milieux, en particulier celui de l'information, est bien vivante et on s'y croirait.

Depuis la sortie de ce film, l'actualité l'a rattrapé, des plaignants individuels viennent de voir leur droit à indemnisation par les compagnies de tabac enfin reconnu. Par contre, la plus haute juridiction des États-Unis, la Cour suprême, a rendu dernièrement un arrêt qui vient à la rescousse des mêmes compagnies afin de les protéger de lois restrictives supplémentaires qui viseraient à contrôler plus le tabac en l'assimilant à une drogue.

Paul SOREL

$Voir : la veuve de Saint-Pierre, de Patrice Leconte

En 1850, sur l'île éloignée de Saint-Pierre, colonie française proche de la côte canadienne, le condamné à mort Neel Auguste attend son exécution. Le capitaine en charge de la petite troupe cantonnée sur l'île a la garde du prisonnier. Visiblement, il ne s'agit pas d'un capitaine ordinaire, mais d'un homme arrivé là, sur cette île du bout du monde, comme en pénitence, peut-être pour des idées qui n'ont pas l'heur de plaire au pouvoir en place dans la métropole, cette République issue de la répression de la révolution ouvrière de Juin 1948. Le fait est qu'il accepte que le prisonnier, en attendant l'arrivée de la guillotine, vive à peu près normalement.

A l'initiative et sous la surveillance protectrice de la femme du capitaine, Neel Auguste participe aux travaux indispensables à la vie de la petite communauté de l'île dont il gagne l'estime. Son crime affreux, commis dans une nuit d'ivresse, passe au second plan et, peu à peu, l'opinion générale s'oppose à l'idée même de guillotiner cet homme.

Le réalisateur a voulu faire un film contre la peine de mort, contre cet assassinat commis de sang-froid, pour des motifs qui n'ont rien à voir avec une quelconque justice ainsi que cela est parfaitement montré. Il a réussi sa démonstration, tant les personnages incarnés par Daniel Auteuil (le capitaine), Juliette Binoche (sa femme) et Emir Kusturica (l'assassin) sont convaincants et attachants, face à tous les tenants de l'ordre, pétris de mépris et d'égoïsme, prêts à toutes les bassesses, et qui apparaissent odieux d'autant plus que le film s'inspire de faits réels.

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