Voir : Broadway 39ème rue, de Tim Robbins28/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1659.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Voir : Broadway 39ème rue, de Tim Robbins

1936 en France, c'est la grande grève générale du mois de juin et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de Front Populaire entre le Parti Socialiste et les Radicaux, mené par Léon Blum et soutenu par le Parti Communiste. Il s'agit alors de " savoir arrêter une grève ", comme le clame Maurice Thorez, le dirigeant de l'époque du Parti Communiste, afin que la classe ouvrière reprenne le travail... et que petit à petit tout rentre dans l'ordre capitaliste.

Dans le même temps, aux Etats-Unis, Roosevelt, président démocrate soutenu par les syndicats, atténue un peu la misère ouvrière par une politique de grands travaux et de subventions à toutes sortes d'organismes sociaux. A la suite du krach boursier de Wall Street en 1929, une vague de chômage sans précédent a déferlé sur le pays, des millions d'épargnants ont été ruinés et les paysans chassés de leurs terres grevées d'hypothèques. Roosevelt entend calmer au plus vite la colère ouvrière grandissante, qui s'exprime par des grèves massives dans tous les secteurs de l'économie, de la sidérurgie à l'automobile, du caoutchouc aux camionneurs et aux vergers de Californie. Au bout du compte, il s'agit uniquement de protéger les capitalistes, leurs biens et leurs profits.

Le film Broadway 39ème rue illustre un peu cette période au travers des tribulations d'une troupe de théâtre, subventionnée par le gouvernement, qui s'efforce de monter une comédie musicale mettant en scène les souffrances des humbles et dénonçant le système capitaliste à la façon d'un certain théâtre de l'époque qui se voulait militant.

Le film fait entrevoir quelques personnages historiques, tout en les épinglant : le jeune Rockefeller, un mécène aux idées pas si larges que ça, qui commande une fresque à Diego Rivera, peintre mexicain compagnon de route du PC, puis de Trotsky, puis à nouveau du stalinisme ; Orson Welles, en jeune metteur en scène de théâtre pour le moins exalté ; un certain sénateur Dies, un précurseur de McCarthy, qui met en place une commission d'enquête sur les activités anti-américaines (comprendre communistes)...

Mais pour la bourgeoisie et les politiciens qui la servent, il faut revenir aux choses sérieuses. La fresque de Diego Rivera est détruite car on pouvait y reconnaître dans un coin le visage de Lénine. Le gouvernement coupe les vivres à la troupe de théâtre. Une intellectuelle, haut cadre d'une sorte de ministère de la Culture, est convoquée devant la commission Dies chargée de débusquer les communistes... Dans la rue les flics tapent dur sur les piquets de grève et sur les orateurs ouvriers des carrefours et leurs auditeurs.

Ce film, au travers de la vie d'un petit monde bohème et sans doute un peu superficiel, évoque ainsi une époque de l'histoire des Etats-Unis. Il suggère aussi les limites et les tromperies de Roosevelt et de son gouvernement qui bercèrent le peuple américain de paroles doucereuses et de quelques " plans sociaux " pour mieux sauver le capitalisme dans cette période de montée des luttes ouvrières.

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