Renault, actionnaire de Volvo, reprend Samsung : La mondialisation à la française28/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1659.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Renault, actionnaire de Volvo, reprend Samsung : La mondialisation à la française

Pas besoin d'aller chercher bien loin des exemples de cette " mondialisation " dont on parle tant. Le grand patronat français la pratique depuis belle lurette, qui achète à tour de bras des entreprises étrangères et ne se gêne pas pour empocher les subventions locales tout en supprimant des emplois à l'occasion.

Le PDG du groupe Renault, Louis Schweitzer, vient d'en donner une nouvelle démonstration, d'une part en rachetant Samsung Motors, d'autre part en devenant l'actionnaire de référence de Volvo. En effet, Renault va apporter à Volvo sa filiale poids lourds RVI-Mack (valeur : 11 milliards de francs). En échange de quoi, Renault recevra 15 % du capital de Volvo (+ 5 % sur le marché boursier).

Pour Samsung, à l'issue de négociations avec les créanciers de ce groupe, mis en difficulté par la crise asiatique de 1997 et dont la filiale automobile, Samsung Motors, a été mise en liquidation en 1999, Renault rachèterait 70 % de cette dernière pour environ 540 millions de dollars, dont la bricole de 100 millions de dollars (soit environ 650 millions de francs) cash. Grâce à cet accord, Renault met la main sur le centre de recherche et le réseau commercial de la marque et surtout sur l'usine de production de la ville de Pusan, relativement petite mais très moderne, conçue pour faire produire à 2000 travailleurs quelque 240 000 voitures par an. Renault entend ainsi s'ouvrir non seulement le marché coréen mais renforcer son implantation sur l'ensemble des marchés asiatiques qui ont représenté plus d'un million de véhicules l'an dernier.

Après l'accaparement de 51 % des parts du producteur automobile roumain Dacia, de 36,8 % des parts du japonais Nissan Motors et de 22,5 % de celles de Nissan Diesel, producteur de camions, et avant d'obtenir une participation dans le capital du constructeur suédois Volvo, Renault poursuit ainsi ses ambitions en tant que constructeur mondial, que n'arrête évidemment aucune frontière. L'argent des profits n'a jamais eu de nationalité et si les affaires peuvent se développer en avalant des concurrents en difficulté à l'autre bout de la planète, aucun patron ne s'en plaindrait, évidemment. Pendant que se traitaient ces opérations financières, à l'usine Renault Véhicules Industriels de Blainville, dans le Calvados, les 3 000 salariés poursuivaient depuis six semaines un conflit pour obtenir en particulier une augmentation générale des salaires de 500 F, une prime d'intéressement de 4 000 francs et une amélioration des conditions financières de départ des salariés les plus âgés. Mais si Renault avait des centaines de millions à mettre tout de suite cash, sur la table, pour entrer dans le capital de Samsung, il n'avait pas assez d'argent pour satisfaire les revendications des salariés de Blainville, qui n'ont finalement obtenu que très partiellement satisfaction !

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