Lille : Alstom, Unilever, Case... non aux licenciements !28/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1659.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lille : Alstom, Unilever, Case... non aux licenciements !

Avec 600 à 800 manifestants à la veille du long week-end de Pâques, la manifestation du vendredi 21 avril appelée à Lille par les différents syndicats de l'Alstom de Lys-lez-Lannoy, de Case à Croix, Bénédicta à Seclin et Lever à Haubourdin a été un succès. Cet appel, lancé par les syndicats des entreprises où sont prévus des licenciements ou même une fermeture, sans attendre les Unions locales et départementales qui ne jouent plus leur rôle depuis longtemps, a été entendu au-delà des entreprises initiatrices.

Chez Lever, tous les commentaires étaient positifs. Depuis que la fermeture de l'entreprise a été annoncée, de nombreuses assemblées générales, par équipes et toutes les équipes réunies, ont largement discuté des plans de la direction. Tout le monde est convaincu que l'éventuel repreneur, une entreprise espagnole de 320 personnes, rachetée par ses salariés et sous perfusion de la Région basque, et qui produit des poudres sans marque pour les grandes surfaces avec une marge faible, n'est pas une réelle solution. Seule serait éventuellement reprise la moitié du personnel et certainement avec des salaires écrasés.

De cela, personne ne veut, et tous sont convaincus que si on ne peut pas empêcher la fermeture de l'entreprise, il faut arracher à Lever des préretraites correctes dès 50 ans et lui faire payer des primes de départ conséquentes. Certains ouvriers évoquent 1 million de francs.

La CGT a toujours été largement majoritaire dans l'entreprise. Mais la direction du syndicat s'est retrouvée complètement à contre-courant de l'opinion des ouvriers et des maîtrises, en ne proposant que l'objectif général du maintien de Lever et en étant hostile aux décisions prises en assemblée générale. Un délégué CGT a même osé déclarer au cours d'une AG : " Vous nous avez élus, c'est nous qui devons diriger, et vous, obéir ". Non seulement cette déclaration a été fortement critiquée, mais en réaction plusieurs ouvriers ont pris des tracts d'appel à la manifestation pour en distribuer dans les entreprises près de chez eux, notamment Renault Douai et la Française de Mécanique à Douvrin. Cela ne décourage pas les syndiqués et ceux des militants CGT qui ne se reconnaissent pas dans l'attitude de leurs responsables.

Chaque fois que les équipes de diffuseurs de Lever ont rencontré d'autres travailleurs dans les entreprises de l'agglomération et même plus loin, l'accueil a été très chaleureux et l'initiative de manifester " Tous ensemble " favorablement accueillie. Même si cela n'a pas déclenché un afflux massif de manifestants, chacun espère que ce sera pour une prochaine fois, car tout le monde, manifestants et militants syndicaux, compte remettre ça. Tout le monde a vu aussi que Martine Aubry avait changé de ton au cours de la semaine. Et ce changement est mis au compte de la mobilisation qui se préparait et qui semblait l'inquiéter, vu les pressions de son cabinet pour que le point d'arrivée ne soit pas la mairie de Lille.

Lundi 17 avril, lors d'une entrevue avec les représentants syndicaux de Bénédicta puis de Lever, Martine Aubry s'était lancée dans des déclarations provocatrices vis-à-vis des responsables syndicaux CGT de Cerplex, connus pour leur appartenance à Lutte Ouvrière : " Certains ont préféré casser l'outil de travail. En confondant action politique et action syndicale ". Et elle se déclarait inquiète que cela se passe à l'identique pour Lever. Et d'aller même jusqu'à accuser un des responsables CGT de Cerplex d'avoir proféré des menaces de mort à l'encontre du secrétaire de la CGT... qui n'est autre que son camarade ! Sans doute les fiches de M. Aubry étaient-elles mal préparées... Malgré les tentatives de délégués CGT de Lever d'utiliser ces déclarations, elles ont été très mal prises par les travailleurs, à Lever comme à Cerplex, où une partie des licenciés continue de se retrouver en AG une fois par semaine.

Enfin le sort des salariés de Bénédicta, dont les délégués n'avaient pas pu jusqu'alors ouvrir de porte, a commencé à susciter un peu plus d'intérêt de la part des responsables politiques, dans la mesure où les salariés se sont liés à d'autres plus nombreux.

Martine Aubry avait annoncé le 17 avril qu'il n'y aurait personne pour recevoir la délégation des manifestants à la manifestation qui aboutissait à la mairie de Lille. Elle a changé d'avis dans la semaine, et c'est même elle qui fut présente, prévenante et cherchant à se rendre sympathique ! Elle se fendit même de déclarations où elle reconnaissait que les grandes entreprises utilisent des repreneurs pour sous-traiter des licenciements, comme l'a fait Xerox avec Cerplex, et que face à cela, on pourrait faire payer à ces entreprises un salaire ou un complément de salaire, s'il y a repreneur, jusqu'à la retraite des licenciés.

Voilà qui serait effectivement une bonne chose. Il est dommage que toutes les déclarations et surtout les mesures prises par le gouvernement de la gauche plurielle aillent dans un sens contraire. Alors, comme on ne peut faire confiance aux discours, il reste à obliger Martine Aubry et le gouvernement à faire payer ces grandes entreprises, qui licencient tout en faisant des bénéfices, et même à leur interdire tout simplement de licencier.

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