Zimbabwe : 1980 - l'indépendance du Zimbabwe21/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1658.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Zimbabwe : 1980 - l'indépendance du Zimbabwe

C'est le 18 avril 1980 que la Rhodésie, pays enclavé à l'ouest du Mozambique et au nord de l'Afrique du Sud, devint la dernière colonie anglaise d'Afrique à accéder à l'indépendance, sous le nom de Zimbabwe.

En fait, cette indépendance aurait dû survenir dès 1965. Mais, au lieu de cela, la minorité blanche avait pris le pouvoir sous la direction de Ian Smith, instaurant un régime basé sur la ségrégation raciale pour renforcer la domination économique de la minorité blanche et celles des trusts anglo-américains. Malgré ses exactions, ce régime montra néanmoins rapidement son incapacité à réduire les guérillas nationalistes qui le combattaient.

Mugabe dirigeait l'une de ces guérillas, le ZANU (Union Nationale Africaine du Zimbabwe). Il avait recherché l'aide de la Chine et, comme nombre de leaders nationalistes africains de cette époque, n'hésitait pas à cultiver une certaine phraséologie socialisante et un radicalisme social qu'il a eu vite fait d'oublier en s'approchant du pouvoir.

Le règlement politique final donna lieu à de longues négociations, d'abord sous la houlette du gouvernement travailliste anglais de Callaghan, puis sous celle de Thatcher. Et il en sortit un régime qui présentait toutes les garanties possibles que les intérêts de l'impérialisme britannique seraient respectés.

Non seulement l'appareil d'Etat raciste qui avait sévi pendant 15 ans fut maintenu en place, mais Mugabe maintint dans leurs postes des ministres de Ian Smith, préserva le noyau central de l'armée (allant même jusqu'à nommer comme chef suprême des armées, Peter Walls qui dirigeait la lutte contre la guérilla). Dans le nouveau parlement du pays, 20 sièges sur 80 furent réservés aux Blancs, et on y retrouva Ian Smith et tout son état-major, siégeant aux côtés de ceux qu'ils avaient emprisonnés, voire torturés. Les quatre principales multinationales opérant dans le pays (Anglo-American, Union Carbide, RTZ et Lonhro) conservèrent les mêmes avantages qu'auparavant. Quant aux fermiers blancs, le règlement politique stipulait que leurs terres ne pourraient être redistribuées qu'avec leur accord et moyennant indemnisation, tout comme les propriétés industrielles.

La classe ouvrière, relativement nombreuse dans ce pays, dont l'industrie était au deuxième rang de l'Afrique sub saharienne après celle de l'Afrique du Sud, eut tôt fait de se rendre compte dans quel camp se situait Mugabe. Car dès son arrivée au pouvoir Mugabe brisa une vague de grèves qui avait éclaté dans le pays. L'armée intervint contre les mineurs de la mine de Wankie et contre les ouvriers de la canne d'Hippo-Valley, deux entreprises de l'Anglo-American. Peu après, mille grévistes d'une entreprise de transport britannique, la Swift Transport Compagny, furent licenciés sans autre forme de procès avec l'appui de Mugabe.

La population pauvre ne gagna donc guère à cette indépendance. Mais l'impérialisme y gagna un régime stable et somme toute très conciliant.

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