Serbie : Manifestation contre Milosevic - un mécontentement croissant21/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1658.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Serbie : Manifestation contre Milosevic - un mécontentement croissant

Vendredi 14 avril, quelque 100 000 personnes ont manifesté dans le centre de Belgrade contre Milosevic et pour la tenue d'élections anticipées en Serbie. C'était le premier rassemblement de cette importance depuis août 1999. Appelé par une coalition de 16 partis politiques, dont les dirigeants les plus populaires sont Vuk Draskovic et Zoran Djindjic, il se place dans le contexte des élections municipales prévues en principe à la fin de l'année.

Cette proximité électorale explique pour une large part l'aggravation de la répression, au cours des derniers mois, contre les médias - presse écrite, télévisions - un tant soit peu indépendants du pouvoir. Frappés par des mesures d'intimidation, des condamnations répétées à de lourdes amendes, des restrictions sur la fourniture du papier journal, ceux qui subsistent ont une existence précaire.

A ce climat policier s'ajoute la peur, répandue par les hommes de main du régime qui ont multiplié les attaques, notamment en milieu étudiant, et y compris les assassinats en plein jour dans Belgrade - et cela en toute impunité.

Aussi, cette participation de 100 000 personnes au rassemblement anti-Milosevic du 14 avril est-elle très notable.

Les causes de mécontentement contre un régime qui allie répression et corruption ne manquent pas. D'ailleurs, dans les semaines précédentes, des manifestations s'étaient déroulées en province pour riposter à l'arbitraire policier du pouvoir. A Kraljevo, il s'agissait de la défense d'une télévision locale, dont l'émetteur avait été confisqué arbitrairement le 17 mars. Lundi 10 avril, pour une raison analogue, 10 000 personnes ont manifesté dans les rues de la ville de Nis.

D'autres manifestations ont regroupé des réservistes résistant à la dernière mobilisation du gouvernement. Ainsi, en Serbie centrale, environ 200 manifestants, ulcérés par la mort de trois de leurs concitoyens lors de la guerre au Kosovo, ont accueilli les responsables sous les insultes comme " Bande de Rouges ! ", " Va te faire foutre, Milosevic ! ", puis les ont chassés avec des gourdins. Dans la même région, des centaines de réservistes en colère sont descendus dans le centre de la ville pour demander des explications à l'armée. Selon les reportages, beaucoup seraient convaincus d'être mobilisés pour une nouvelle guerre. Le maire a déclaré qu'il avait essayé de contacter l'état-major pour qu'il s'adresse aux manifestants en vue de calmer la situation. " Aucun militaire n'a voulu dire qu'il était le responsable ", a-t-il rapporté. Les manifestants ont signé une pétition exigeant l'arrêt immédiat du rappel des anciens combattants des anciennes guerres yougoslaves et la démobilisation de ceux qui avaient été déjà mobilisés.

D'une façon générale, suite aux destructions occasionnées par les bombardements de l'OTAN et au blocus qui a suivi, les conditions de vie ont encore empiré. Aujourd'hui, il faut à une famille moyenne deux à trois mois de salaire moyen pour arriver simplement à se nourrir. Les soupes populaires n'arrivent plus à satisfaire la demande et les poubelles sont prises d'assaut avant le passage des éboueurs.

Pendant ce temps, le marché noir et les trafics en tout genre engraissent les hommes du pouvoir et les chefs de milice...

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