Les banques ne s'en vont pas de la caisse21/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1658.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Les banques ne s'en vont pas de la caisse

Les banques françaises viennent les unes après les autres de publier leurs résultats pour 1999, qui sont plus que florissants. La Société Générale affiche 85 % de hausse par rapport à l'année précédente, le groupe BNP Paribas plus de 54 %, le Crédit Agricole 26 % et le CCF 22 %. Quant au résultat du Crédit Lyonnais, il est 3,4 fois supérieur à celui de 1998, avec 235 % de hausse. Pas moins !

Ces banques se sont enrichies de multiples manières, en particulier sur le dos des clients et de leur personnel. Elles ont gagné grâce à leur traditionnelle activité de prêts aux particuliers mais pas seulement. Cela n'empêche pas les banquiers de se plaindre que leurs marges bénéficiaires sont devenues trop faibles sur cette activité.

Mais les banques disposent d'autres moyens de rentabiliser leurs opérations : sur les marchés à la Bourse (actions, obligations, spéculation) pour elles-mêmes ou pour leurs clients, dans les opérations internationales, mais aussi grâce à leur rôle auprès des entreprises, par des conseils rémunérés, grâce à leurs interventions dans les montages concernant les fusions de sociétés, et il y en a eu un certain nombre l'année écoulée. Enfin, par l'exploitation des possibilités offertes par leurs clients particuliers.

Car ces banques ont développé des produits en fonction du profil des clients. Elles ont multiplié ce qu'elles appellent les " packages " (ensembles de services bancaires payants avec crédits, assurances, points de fidélité, etc.). Ces produits leur permettent de prélever des commissions sur chaque opération et du même coup de " fidéliser " des clients pris au piège entre crédits et divers comptes.

Des logiciels spécialisés permettent d'envoyer un signal aux agences dès qu'un compte annonce une rentrée d'argent exceptionnelle ou un événement particulier, ce qui entraîne aussitôt de la part de la banque une proposition de placement ou de crédit en fonction de la situation de son client.

Une autre source permet d'expliquer les résultats records qu'affichent les banques : l'augmentation de la productivité imposée au personnel, grâce aux compressions d'effectif. L'exemple le plus marquant est celui du Crédit Lyonnais dont les effectifs sont passés de 73 000 à 40 000 en six ans. Le fameux " trou " du Crédit Lyonnais n'a été que le prétexte pour justifier cette politique auprès du personnel et de l'opinion. Sauf que les diminutions d'effectif ont touché et touchent encore les salariés des autres banques.

La mobilité s'est accrue et l'application des 35 heures à la sauce Aubry ajoute à l'annualisation, la remise en cause de jours de congés existants jusqu'alors et plus de flexibilité encore, sans embauches.

Il y a quelques mois, les banquiers français pleuraient misère et dénonçaient la Convention collective des banques. Selon eux, cette décision était justifiée par la concurrence étrangère. Aujourd'hui, on constate que ce n'était que du cinéma. Au lieu de la catastrophe annoncée, les banquiers affichent des résultats exceptionnels qui doivent devenir la norme. Quitte à pressurer un peu plus les petits clients (par des services bancaires de plus en plus coûteux et bientôt les chèques payants) et à exploiter plus les employés de banques, à qui les résultats insolents de leurs patrons devraient donner des envies de résistance !

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