Centre de tri du Landy-Paris : Moins de personnel pour travailler plus21/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1658.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre de tri du Landy-Paris : Moins de personnel pour travailler plus

Au Centre de Tri de Paris-Landy, la direction s'était fixé l'objectif de diminuer les effectifs d'un tiers (200 personnes) en un an. Elle n'y a pas réussi et a dû persévérer une année de plus que prévu pour amener notre nombre aux environs de 380 actuellement. Elle a donc pu alors s'attaquer à la suite de son programme.

Elle met à son profit, comme tous les patrons, la loi Aubry sur la " réduction et l'aménagement du temps de travail " (ARTT) pour entreprendre la modification de l'organisation hebdomadaire du travail des services de jour. Nous devons maintenant travailler cinq samedis sur huit ; trois en matinée et deux en après-midi. Inutile de préciser que depuis belle lurette, il n'y a plus de volant de remplacement. Ceux qui sont présents doivent s'arranger pour assurer la tâche de ceux qui sont absents, pour cause de maladie ou en congé. Souvent le courrier s'entasse plusieurs jours dans l'attente de mains et de bras pour le trier et l'acheminer. La direction peut alors en faire déverser une partie vers un autre centre, ce qui bien souvent ne fait qu'allonger la durée de l'acheminement à bon port du courrier.

Pour faire face à cette gestion tendue du personnel, la direction vient d'avoir une nouvelle idée : pourquoi ne pas inciter ceux d'entre nous qui seraient souffrants à faire mine d'être en forme et à venir travailler comme si de rien n'était ? Personne de sensé n'étant prêt à agir ainsi, la direction a concocté une petite pression : une note de service stipulant que dorénavant notre médecin traitant devra indiquer le motif de l'arrêt maladie qu'il nous prescrit. Cette note prétend s'appuyer sur une directive de la Sécurité sociale soucieuse d'éviter des arrêts de complaisance, fauteurs de déficit. La ficelle est un peu grosse.

Cela dit, la direction a-t-elle envisagé un instant les conséquences fâcheuses pour elle si nous nous laissons intimider ? A-t-elle sérieusement envisagé l'édifiant spectacle qui serait offert à ses visiteurs, clients et cadres des Postes étrangères, éminents représentants des multiples directions de La Poste : des collègues déambulant sur le transbord cassés en deux par une lombalgie ou gouttant du nez sur les liasses de lettres devant un casier de tri, les salles de tri risquant alors de devenir des lieux à haut risque de contagion pour tous ceux qui, à l'invitation de la direction, y feraient du tourisme. Les intentions malveillantes de cette hypocrite sont évidentes, mais elle est pour le moins irréfléchie. De l'avis général, le mieux est de n'en tenir aucun compte.

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