Allemagne : Un revers pour la direction du PDS21/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1658.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Un revers pour la direction du PDS

Le congrès du Parti du Socialisme Démocratique (PDS), issu de l'ancien parti stalinien est-allemand, vient de se tenir début avril à Munster et s'est conclu par le désaveu de ses deux principaux dirigeants, Lothar Bisky, président du parti, et Gregor Gysi, président de sa fraction parlementaire au Bundestag, ainsi que par l'annonce médiatique de l'abandon de leurs responsabilités d'ici quelques mois.

Toute la presse d'outre-Rhin a présenté, en s'en réjouissant, ces départs comme le signe d'une crise profonde d'un parti resté tourné vers le passé.

En réalité, ce parti, dans lequel se côtoient des vieux staliniens, des anciens cadres du régime de la RDA reconvertis en socialistes rénovateurs et, à l'Ouest, quelques militants issus de l'extrême gauche (dont une partie de ceux liés au Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale), est devenu, en une dizaine d'années d'existence, une sorte de Parti Social-Démocrate-bis, avec bien moins d'ancrage militant dans la classe ouvrière que n'en a encore un parti comme le PCF en France. Mais la situation sociale catastrophique dans les Länder de l'Est comme un certain discrédit du gouvernement SPD-Verts lui ont apporté un petit capital électoral : 5,1 % des voix aux législatives de 1998, 5,8 % aux Européennes de l'an dernier, au niveau national et plus de 20% dans les régions de l'Est.

Sur cette base, les politiciens qui le dirigent caressent, depuis quelque temps, l'espoir d'être, malgré leur origine, acceptés par la bourgeoisie allemande, dans le jeu politicien classique et de devenir une force d'appoint dont le SPD pourrait avoir besoin pour conserver une majorité parlementaire en 2002.

Dans cette perspective, ils avaient prévu de donner, verbalement, des gages de leur "réalisme". Dans une lettre ouverte aux délégués du congrès, Gysi protestait par exemple contre le fait que la fraction parlementaire du PDS devait suivre les décisions du congrès : " Cette dogmatique ", expliquait-il, " contredit profondément la culture qui s'est développée dans le PDS depuis 1989 ". Sur le fond tout cela n'était pas vraiment nouveau car, depuis 1998, le PDS participe, avec le SPD, à un gouvernement régional, en Mecklembourg-Poméranie Occidentale. Et il y fait la preuve de son esprit de responsabilité vis-à-vis des intérêts du capital.

Initialement donc, le congrès de Münster devait discuter d'une rénovation du programme du parti, dans un sens encore plus social-démocrate que le précédent. Mais cette discussion a été repoussée à un congrès extraordinaire prévu en 2001. Le débat s'est donc polarisé sur une motion de la direction sortante qui proposait de ne pas s'opposer, à l'avenir, à la participation de l'Allemagne à des interventions militaires dans le cadre des Nations-Unies, " en cas d'agression ou de génocide ". Une formule policée pour masquer un soutien aux grandes puissances impérialistes, qui depuis quelque temps couvrent de prétextes humanitaires leurs interventions, pour imposer leur ordre dans le monde... mais ont laissé de nombreux génocides s'effectuer sans jamais intervenir.

Mais, malgré l'intervention de la direction sortante, il s'est trouvé une majorité de délégués à ce congrès (219 contre 126) pour refuser de voter cette motion. Il est vrai que le pacifisme est, du fait entre autres des souvenirs du passé nazi, un sentiment sans doute plus fort dans toute une partie de la population (et surtout de la jeunesse) allemande que dans d'autres pays européens. Et il y a encore un an, de nombreux militants du PDS avaient été en première ligne dans les manifestations qui ont eu lieu en Allemagne contre les bombardements de l'OTAN en Serbie et au Kosovo.

Certes, ceux (avec à leur tête la responsable des députés européens du PDS, Sylvia-Yvonne Kaufmann) qui se sont opposés à ce pas supplémentaire à droite de la direction de leur parti ne l'ont fait que sur un point qui n'est pas l'une des préoccupations majeures du monde du travail. Mais quand on voit que cette prise de position chagrine tant la grande presse allemande comme française qui souhaiterait qu'aucune voix ne vienne contester les interventions militaires des grandes puissances aux quatre coins du globe, il y a plutôt de quoi se réjouir du vote des militants du PDS.

Partager