Bibliothèque Universitaire (Tours) : Contre la précarité et les sous-effectifs, quinze jours de grève07/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1656.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bibliothèque Universitaire (Tours) : Contre la précarité et les sous-effectifs, quinze jours de grève

A la Bibliothèque Universitaire de Tours, nous sommes en grève reconductible depuis le lundi 20 mars, pour obtenir des effectifs supplémentaires.

Le problème n'est pas nouveau. A la section Lettres, le service ne pourrait fonctionner sans recourir à près de 50 % de salariés en emploi précaire (CES, objecteurs de conscience, contractuels), l'entretien de l'ensemble du réseau informatique de la BU, point névralgique, est assuré par un technicien en contrat CES. La salle informatique (Internet, CD-Rom), nouveau service très utilisé, est gérée par un objecteur de conscience. Les " moniteurs " sont des étudiants qui assurent des tâches d'accueil et d'orientation. Ils sont payés à l'heure à des taux inférieurs au SMIC et sont corvéables à merci pour leurs horaires. Ils n'ont droit ni au chômage ni aux indemnités maladie.

Le sous-effectif est tel que nous n'arrivons pas à assurer tous les services. Nous avons toujours plusieurs mois de retard pour cataloguer les nouveaux livres. Nous ne pouvons aider les étudiants dans leurs recherches que quatre heures par jour, dans le meilleur des cas, sur les dix heures d'ouverture de la bibliothèque.

Les responsables nous répondent : " Fermez des services ! Tant que les étudiants ne se plaignent pas... ". Cela veut dire, par exemple, ne plus assurer le prêt de livres à certaines heures... Telle est la politique du ministère (Education nationale) qui pousse par ailleurs à augmenter les horaires d'ouverture, sans donner les moyens nécessaires.

Il y a quelques mois, suite à un mouvement, nous avions obtenu deux postes pour la rentrée prochaine (pour les cinq sites de la BU de Tours). Or nous venons d'apprendre que ces deux postes étaient conditionnés, encore une fois, par une nouvelle extension des horaires d'ouverture.

C'est ce chantage qui a mis le feu aux poudres. Lundi 20 mars, à la section de Lettres, nous avons commencé la grève, avec le soutien de la FSU. Dès le lendemain à l'assemblée générale, le personnel des autres sections s'est joint à nous. Tous les jours à l'AG, nous reconduisons notre grève et organisons les actions de la journée.

Le président de l'université faisant la sourde oreille, nous avons envahi ses bureaux afin de nous faire entendre. Nous nous sommes adressés au reste du personnel, le problème des sous-effectifs, comme dans toute la fonction publique, étant général à l'université.

Le 24 mars, nous avons mis à profit la journée d'action de l'Education nationale pour appeler à une AG des diverses catégories de l'université (administratifs, ouvriers, enseignants, étudiants) pour faire connaître notre grève, élargir son soutien.

Nous sommes allés dire leurs quatre vérités à certains responsables, qui font pression sur les salariés à statut précaire pour qu'ils remplacent les grévistes ou qui ont tenté d'assurer eux-mêmes l'accueil.

Le 30 mars, nous sommes allés accueillir, à notre façon, des représentants du ministère en visite officielle à la faculté.

Bref, même si nous n'avons pu l'élargir à d'autres personnels, notre grève est très active et ne faiblit pas : la section de Lettres est fermée depuis le début et, malgré les briseurs de grève, les autres sections ne tournent qu'au ralenti.

Le président de l'université a-t-il senti que notre détermination ne faiblissait pas ? En tout cas, le 31 mars, il y a eu un changement de ton. Il a convoqué les grévistes et, pour la première fois, a reconnu nos problèmes, s'engageant à maintenir les deux postes promis, sans extension d'horaire.

Satisfaits de ce recul, nous avons décidé de reprendre le travail, dès que la réponse favorable serait ferme et définitive.

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