Aluminium-Dunkerque : 35 jours de grève qui nous ont renforcés31/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1655.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aluminium-Dunkerque : 35 jours de grève qui nous ont renforcés

Après 35 jours de grève, la direction de Pechiney-Aluminium Dunkerque se retrouve avec 25 000 tonnes d'aluminium brut à retraiter sur le parc, sans avoir pu imposer un quelconque accord de Réduction du Temps de Travail aux frais des travailleurs.

Vendredi 24 mars au soir, l'attitude de la direction devenant de plus en plus provocante, plus de 150 grévistes ont vertement apostrophé le directeur et le sous-directeur et pris la décision de ne plus entretenir les cuves d'électrolyse, en posant un ultimatum de 2 heures pour retirer toutes les clauses défavorables aux travailleurs... La direction, qui avait fait courir les jours précédents de nombreux bruits sur une éventuelle fermeture de la moitié de l'usine, céda dans le délai.

La journée du samedi se passa en négociations et pressions pour obliger la direction à augmenter le nombre de journées de grève payées et retirer les menaces de sanctions. Le principe de la reprise fut voté à l'assemblée de samedi et confirmé aux assemblées du dimanche et du lundi. Ce n'est pas pour autant que le travail effectif a repris, tant l'exaspération contre la direction reste grande.

Les quelques opérateurs et surtout les techniciens et cadres non grévistes sont bien sûr revenus, mais ils rasent les murs et sont mis en quarantaine. Et si nous n'avons pas pu imposer l'embauche de personnel, la direction va au moins devoir prendre des intérimaires pour un bon bout de temps pour remettre les ateliers en fonctionnement normal.

Avec en moyenne 55 % des jours de grève payés, une prime d'intéressement qui sera supérieure à celle de l'année dernière et une prime de 2 000 F de blocage des salaires 1998-99, en prévision de la réduction du temps de travail, que la direction rend, l'impact financier de la grève va être très faible.

Au cours de la grève, nous avons pris contact avec les travailleurs de l'aluminium au Canada et appris qu'en 1995 les ouvriers des quatre alumineries Alcan au Québec avaient fait grève en abandonnant complètement les usines... Il fallut six mois pour les redémarrer ! Et actuellement à l'aluminerie Pechiney de Becancour (Québec), les travailleurs sont dans l'action pour obtenir la semaine de 36 heures au lieu des 40 heures actuelles.

Les travailleurs d'Aluminium Dunkerque sortent très regonflés de ces cinq semaines de grève. Lors de l'assemblée générale qui a regroupé plus de 300 grévistes lundi 27, nous n'avons pas voulu voter l'arrêt de la grève, mais un préavis de grève courant sur l'année 2000...

Partager